Minerve

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1210: Le siège de Minerve

Fin Juin, Simon de Montfort, chef de la croisade contre les « Albigeois », va entreprendre le siège de Minerve, où il est rejoint par le vicomte Aimery de Narbonne, instigateur de l’opération, et ses troupes. Il veut profiter de l’arrivée d’autres renforts importants pour s’emparer d’un certain nombre de châteaux qui constituent autant de poches de résistance et de refuges d’hérétiques dont la cité de Minerve, défendue par son seigneur, Guillaume de Minerve.

Le site de Minerve est constitué d’un éperon rocheux entouré par deux ravins creusés dans le causse par la Cesse et le Brian, rivières capricieuses mais souvent à sec, qui confluent à ses pieds. Un château garde l’accès à l’éperon, à l’opposé du confluent.

Le siège s’organise et les croisés installent des mangonneaux et une perrière. Lors d’une sortie, les assiégés échouent dans leur tentative de mettre le feu à la perrière, qui depuis le bord du causse à l’est, provoque d’importants dégâts. « Ils firent une sortie de nuit hors de Minerve avec des sacs d’étoupe et de graisse et mirent le feu à notre catapulte. Quand un des servants s’éveilla, ils le réduisirent au silence d’un coup de lance mais il avait pu donner l’alerte et tout le camp s’éveilla…».

L’accès au seul point d’eau de Minerve, le puits San Rustic, proche du lit de la Cesse, était accessible par un chemin couvert et fortifié. Bombardé, le puits devient inaccessible et finit par être détruit. L’eau des citernes s’étant épuisée, sous la chaleur de l’été torride, avec des blessés et des malades, les assiégés comprennent qu’ils ne peuvent plus résister bien longtemps.

Après cinq semaines d’un siège très dur, Guillaume de Minerve entame des pourparlers avec Simon de Montfort. C’est alors qu’arrivent de Toulouse le légat du pape Arnaud-Amaury , abbé de Citeaux et Thédise, chanoine de Gênes, en route pour Saint Gilles où doit se tenir le concile chargé de juger Raymond VI de Toulouse.

Montfort laisse le soin au chef spirituel de la croisade le soin de fixer les conditions de la reddition : « Notre comte laissa l’abbé de Cîteaux décider des conditions de la reddition. Ceci contraria énormément le prélat car, bien qu’il souhaitât la mort de ses ennemis, il était moine et n’osait pas les tuer lui-même… ».

Minerve deviendra possession de Simon de Montfort et les habitants auront la vie sauve, y compris les hérétiques s’ils abjurent leur foi. Quant à Guillaume de Minerve, il recevra des terres dans le Biterrois.

Le 22 Juillet, les croisés entrent dans Minerve au son du Te Deum. « Nous entrâmes dans la ville en chantant le Te Deum. En tête venait la Croix, suivie par les bannières du comte. Le Christ avait pris la ville…».

Le pronostic d’Arnaud-Amaury, rapporté dans l’« Historia Albigensis» de Guy, abbé des Vaux de Cernay, est confirmé : à Robert Mauvoisin, qui contestait sa clémence, il aurait répondu :  « ne craignez rien, je crois que très peu se convertiront…».

Guy, abbé des Vaux de Cernay, essaie malgré tout de convaincre parfaits et parfaites de renoncer à leurs erreurs.

« Nous invitâmes tous les hérétiques présents à se convertir à la foi catholique mais ils répliquèrent : nous ne voulons pas de votre foi ! Vous nous faites souffrir en vain. Les femmes étaient même plus fanatiques que les hommes »

Cent quarante parfaits sont conduits au bûcher, surement dressé au confluent des deux rivières. Seulement trois femmes, que la mère de Bouchard de Marly a réussi à convaincre, échappent au supplice. « Alors, nous les menâmes hors les murs, élevâmes un grand bûcher et nous les jetâmes tous dans le feu. A la vérité, ils s’y jetaient eux-mêmes tous seuls… »

L’exemple de Minerve a frappé les esprits. Guillaume de Ventajou livre son château que fait raser Montfort. Aimery de Montréal échange son castrum contre un domaine dans la plaine et le seigneur de Laurac fait aussi acte de soumission.

Même si pour les cathares, le monde d’ici-bas est le monde du Mal et qu’ils n’ont laissé que peu de traces de vestiges matériels, pas de sanctuaires, pas de statues et pas de symboles, au XIXe siècle, à la suite de Napoléon Peyrat, on a faussement recherché des « colombes cathares » à Montségur et à Ussat, la colombe symbolisant le saint esprit dans le Christianisme.

Aujourd’hui, un des « symboles du catharisme » peut être admiré dans le village. La sculpture représentant une colombe, visible à Minerve, est une œuvre moderne du sculpteur Jean-Luc Séverac et peut être plus vue comme un symbole de paix.

 

Sources:

- Panneaux autour du village

- Livre "Les Cathares", In Situ Thèmes, MSM


Photos:

- Jimre (2021)

Posté le 30-08-2021 16:22 par Jimre