Blay

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Blay


Château ou Maison forte de Blay

Situation

Savoie - Arr. : Moûtiers

Canton : Albertville

Sur la commune d’Esserts-Blay.

On arrive au château par un chemin qui part à droite de l'église. La construction domine sur un promontoire la plaine de Langon et celle de La Bâthie, face à l'usine hydro-électrique d'Arbine.

Histoire

Le château de Blay, sis sur une commune dont les forêts ont été " essertées" aux XIIe et XIIIe siècles, est lié à la famille des Romestang d'Avallon, mais Blay provient du nom d'homme latin Blasius, qui laisse supposer la présence d'une villa. Les Avallon ou Avalon se sont implantés le long de la route médiévale allant à Pontcharra (Isère) et ont possédé des « alleux », terres tenues en toute souveraineté, le long du vieux chemin des Millières de Saint-Paul-sur-lsère.

Blay faisait partie, avec Saint-Paul et Saint-Thomas des Esserts de l'alberge des Avalon probablement depuis 996, date à laquelle le roi de Bourgogne Rodolphe III donna le comté de Tarentaise à l'archevêque Amizon, qui délégua une partie de ses revenus et pouvoirs.

Un acte de partage entre demoiselle Marie d'Avalon, mariée à Nicod de Salins et son frère noble Guigue d'Avalon, entre 1388 et 1422, précise que « luy arriva des biens de Bleys, Saint-Thomas des Esserts et la coseigneurie de Saint-Paul pour sa part d'héritage. Ledit Nicod (d'Avalon) fit bâtir à neuf le château de Bleys, il y a environ deux cents ans ».

Nous voici fixés sur le nom du constructeur : Nicod d'Avalon, et la fourchette de la date : entre 1188 et 1222, ce que confirme l'architecture de ce donjon pourvu de tourelles d'angle.

La première mention de la seigneurie de Blay détachée de celle de Saint-Paul, date de 1354 : François d'Avalon, investi du fief de Saint-Paul, passe la seigneurie de Blay à François de Salins, marié à une fille d’Aymeric d’Avalon. Le 3 Juin 1390, François de Salins reconnaît tenir la seigneurie de Blay en fief du Très Illustre Prince Amédée VIII comte de Savoie, mais, à sa mort, la seigneurie de Blay sort de cette famille pour quelques années. On ignore totalement pourquoi, le 28 juin 1418, l'investiture fut donnée à l'archevêque de Narbonne François de Conzié, héritier de son neveu Jean de Conzié.

Toutefois, en janvier 1432, Nicollet, arrière-petit-fils de François de Salins, reconnaît la seigneurie de Blay en faveur du duc de Savoie, Louis, comme héritier de son parent François de Salins. Son fils Urbain de Salins n'ayant eu qu'une fille, testa en sa faveur le 23 février 1535, et cette même Jeanne institua comme héritier universel le 11 décembre 1537 son mari Jean, fils de Mermet de Riddes, seigneur de Flumet et de Megève, qui très prudemment, pour éviter d'éventuelles difficultés dues à un fidéicommis chez les Salins, acheta le 5 novembre 1536 à Urbain de Salins les terres de Blay et Saint-Thomas. Cela n'empêcha pas les nobles Chappot, héritiers fidéicommissaires de lui intenter un procès. Jean de Riddes perdit, par une série de sentences arbitrales, en 1543 et 1544, une partie de ses biens, dont la maison de Salins ou château de Melphe à Salins. Ayant prêté serment de fidélité au roi François Ier lors de la première occupation de la Savoie par la France, Jean de Riddes testa le 15 janvier 1565, transmettant terre et seigneurie à son fils Antoine Gaspard et à sa fille Thomassine, en cas de décès de son frère sans descendance, ce qui advint. C'est ainsi que par testament du 15 novembre 1615, Antoine-Gaspard de Riddes institua pour héritier le fils de Thomassine, noble Gaspard du Verger, qui hérita aussi de sa mère. Après un partage entre Gaspard et François, les fils de Gaspard du Verger, Blay fit partie du lot de François, chef de la branche cadette. La branche aînée avait son château à Grand-Coeur, et s'installa après 1815 à Moûtiers.

La branche des du Verger de Blay s'éteignit au début du XIXe siècle.

Il y avait longtemps que le château de Blay était inhabité. Sa dernière occupante fut dame Antoinette, fille de feu Laurent de Conflans, première femme du dernier des Riddes : elle dicta son testament au château de Blay et y mourut le 9 décembre de la même année. Une tradition rapporte que dans la nuit de Noël de 1599, sans que l'on sache pourquoi ni comment, le château prit feu : le toit et les plafonds s'effondrèrent, et il ne fut pas restauré. Le veuf, Gaspard de Riddes était alors absent, au service du duc de Savoie. Il était déjà remarié à Jacqueline de Salins, veuve de Gaspard de Verboz. Dans son testament de 1616, fait « dans sa maison neuve de Beauséjour » à Saint-Paul-sur-Isère, près du pont, au Cavagnet, il attribue à sa femme et à ses deux filles une somme d'argent en compensation des effets qui avaient été brûlés dans cet incendie.

Description

L'architecte Borrel qui en releva le plan à la fin du XIX e siècle pense que la quatrième tour du château de Blay ne fut jamais construite et qu'il fut édifié à la fin du XIVe siècle.

Or l'on sait qu'il fut construit à la toute fin du XIIe ou au début du XIII e siècle, et il peut s'agir d'un donjon rectangulaire avec quatre tourelles d'angles en saillie, et probablement une cinquième faisant face à celle qui a disparu, à la poterne d'entrée, située à l'angle nord-ouest, où l'accès est le plus facile.

Reprenons la description de Borrel : les murs épais sont construits en petits moellons bruts liés par du bon mortier de chaux et de sable. Les trois autres angles de ce logis rectangulaire comportent des tourelles en saillie à quatre niveaux, qui étaient couronnées de créneaux. Des meurtrières sont à l'intérieur de petites niches pouvant contenir un homme de garde, et sont surmontées d'arcs très aplatis. Les tourelles communiquaient avec l'étage correspondant du corps principal du château, qui comportait trois étages au-dessus du rez-de-chaussée.

Au rez-de-chaussée, cellier, caves, la cuisine au nord en surélévation par rapport à la partie sud.Au premier : haut de 4,30 mètres, trois pièces à cheminée dont l'aula ou grande salle, éclairée par deux croisées à coussièges et dotée de deux cheminées. Elle communique avec la cuisine, au nord, et avec la chapelle installée dans la tour sud. Le second, haut de 3,80 mètres, était divisé en cinq ou six pièces, et les greniers occupaient le troisième étage, avec 2,50 mètres de hauteur. Seul le rez-de-chaussée et le premier étage de la tourelle du sud-est étaient voûtés. La porte au nord-ouest était défendue par des meurtrières. Un escalier droit conduisait aux différents étages, pris dans la première pièce du nord-ouest.

Parmi toutes les pièces, on a identifié deux chambres, au premier et deuxième étages, possédant chacune une cheminées, latrines et fenêtres à coussiège. Le troisième étage pourrait avoir servi de pigeonnier.

Toutes les fenêtres ont un encadrement en pierres de taille et sont surmontées à l'intérieur d'un arc surbaissé. Les deux plus grandes ont un double meneau. Une porte à accolade précise ces travaux d'aménagement à la fin du XVe et au XVe siècles.

Si quelques éléments défensifs ont été conservés, le caractère résidentiel de cette maison forte est bien affirmé.

Ajoutons que des traces très apparentes de feu sur les parements intérieurs confirment la tradition du grand incendie de Noël 1599.

Le diable Gribouille au château d'Esserts-Blay.

Il ne s'agit pas tellement d'une légende mais d'un fait qui s'est déroulé en ces lieux aux alentours des années 1875 :

Deux malins ayant voulu faire croire qu'un trésor était caché dans les tours du vieux château, se firent remettre par une demi-douzaine de gens confiants, sous le sceau du secrets la somme de 250 francs pour aller à Genève acheter le Grand Albert ou les Clavicules de Salomon. La somme étant insuffisante, on monta jusqu'à 1 200 francs. Quinze jours plus tard, le " magicien" convoquait ses ouailles à Conflans, leur présentant un vieil infolio en latin, le seul « Grand Albert » existant en Suisse, et leur donna ses indications. Chacun devait se rendre séparément à Blay le soir de Noël, et l'on se retrouverait au château à onze heures du soir. Une fois sur les lieux, on s'apprêta à convoquer Satan.

Le second compère, dans la salle en ruines, se préparait pour jouer son rôle, il s'affublait d'un grand manteau noir, se coiffait d'une perruque et d'une barbe rousse avec un chapeau tricorne, s'attachait aux pieds des chaînes, et tenait devant lui un grand plat avec des étoupes d'eau de vie. Il avait ordre d'allumer les étoupes à la première évocation et d'avancer à la troisième. Le Diable du jour n'était autre que Gribouille. Le « porteur du grand in folio » s'avança au milieu des décombres vers la grande salle, ouvrit son livre et adjura solennellement le Diable :

« Diable Gribouille, sors des Enfers et parais devant moi » : la lueur bleuâtre s'éleva dans le fond de la salle.

« Diable Gribouille, obéis à ma voix, sors des Enfers et parais au milieu de nous » : un bruit de chaînes, un pas lent et pesant qui s'approche... et nos chercheurs de trésors s'enfuient à toutes jambes par les différentes issues. Le magicien les rejoignit et leur adressa les plus vifs reproches : ils avaient laissé échapper la fortune par couardise et en violant leur serment, et il leur intima le silence.

En fait le secret ne fut gardé que pendant trois ans, les victimes allèrent même consulter les hommes de loi d'Albertville, mais le cas n'était pas facile à résoudre...

Le jeu du « coinchon » 

Le château appartient en indivis à quatre propriétaires, mais son esplanade est aménagée en terrain de jeux. L'abbé Hudry raconte que cette esplanade est le théâtre d'un jeu original, mais joué autour d'Albertville, dans la haute vallée de l'Arve, la région du Giffre, le Chablais et du côté de Bourg-Saint-Maurice.

L'après-midi de Pâques, après les Vêpres, les Blaicherains se rendent près du château, pour ce jeu réservé aux hommes :

Un gros dé ou cube de bois de 20 cm de côté, appelé domino, et, pour chaque joueur le coinchon (ou cornichon, ou coution), qui est une sorte de maillet fait d'une branche de houx ou d'osier à l'extrémité de laquelle on a laissé un morceau du tronc qui la portait, et une baguette d'environ un mètre : la servante.

Le premier joueur désigné par le sort place la servante sous ses pieds en disant « le domino va devant, moi après, un tel après ». Il lance le dé puis son coinchon aussi près que possible. Le dernier s'empare de la servante en disant « faute de valet j'emporte la servante ». On compte les perdants, ceux dont le coinchon est le plus loin du domino.

On peut multiplier les difficultés : lancer le coinchon dos collé aux murs du château, le lancer par-dessus la tour, dans un buisson, etc.

A la tombée de la nuit, le goûter est payé par les amendes des perdants. Il peut être copieusement arrosé...


Sources : 

fournie par Nano.M: Châteaux et maisons fortes savoyards, Michèle Brocard - Elisabeth Sirot, Editions Horvath.

- panneau présent sur le site lors de la visite.


Photos :

- Jimre (2022)


Vidéo:

Vidéo aérienne du château, prise avec notre drone.

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Posté le 22-10-2022 11:53 par Jimre