Valreas

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Valréas

Valréas est un chef-lieu de canton. La ville est assez grande mais tortueuse. Les rues étroites tournent autour d’un point central culminant, sur lequel se trouvent l’église et les ruines d’un château, appelé Château Robert, on ne sait trop pourquoi. Elles forment autant de circonférences qui vont en s’élargissant jusqu’aux remparts, lesquels existent encore avec leurs meurtrières. 

C’est à Valréas que commence à se montrer le diluvium des terrasses des affluents du Rhône. A partir de ce point jusqu’à Pernes, il forme autour des collines de molasse une bande de 5 à 6 kilomètres qui serait continue, sans les interruptions produites par les dépôts alluviens. Au-delà de Pernes, ils prennent une si grande extension qu’ils occupent toute la plaine.

La ville de Valréas est bâtie sur un de ces monticules isolés de mollasse qui surgissent çà et là dans la plaine. Sa jolie situation fut appréciée des romains, à en juger par les nombreux fragments d’antiquités que l’on recueille dans les environs et par la proximité de quelque grande villa, au Pègue dont le propriétaire aurait pu donner le nom à la ville.

L’origine de la ville actuelle remonte au commencement des temps féodaux, au VIIIe ou au IXe siècle. Un Valérius se serait installé aux abords de la Coronne et aurait donné son nom au territoire. Ce fut d’abord un castrum, ou peut-être un monastère occupant l’emplacement, appelé encore aujourd’hui « les Clastres »(claustrum) , appuyé à une église dont on voit encore les vestiges.

Dès le commencement du XIIe siècle, le bourg fortifié de Valréas reconnait la juridiction de plusieurs coseigneurs. Son importance, s’accroit dans le siècle suivant. 

Sur ce point culminant de la ville est la tour de l’Horloge, élevée des ruines du donjon primitif. Des fragments de murs très épais sont encore épars dans un espace circulaire. Des substructions à grand appareil témoignent du développement et de la force du Château Robert, qui fut peut-être détruit par le comte de Toulouse en 1160, en même temps que Vaison. Dans ce siège dut disparaitre également l’église primitive, dont il reste si peu de vestiges.

En 1231, la communauté obtint de ses seigneurs des franchises signalées, comme l’exemption absolue de toutes tailles, la suppression de tous les droits de succession pour certains degrés de parenté et une diminution pour certains autres, l’autorisation de nommer des consuls qui seront renouvellés tous les ans et la confirmation de toutes les bonnes et louables coutumes observées dans la communauté.

En 1255, un Draconetus (Dragonet de Mondragon) était seigneur de Valréas, sous le haut domaine du comte de Toulouse. C'est lui donc qui accorda les franchises en 1231 à la cité.

En 1270, Aymard de Poitiers prête serment au comte et à la comtesse pour cette seigneurie.

Nous voyons ensuite Valréas suivre les destinées du Comtat-Venaissin. Cependant, sa position sur les limites du Dauphiné et du Comtat rendait sa situation politique incertaine. Plusieurs localités ne savaient à qui prêter l’hommage, réclamé en même temps par les commissaires du Pape et ceux du Dauphin. Valréas fut de ce nombre. Il paraît pourtant que la suzeraineté en resta au Dauphin et que celui-ci prêta hommage au saint Siège. Ceci ne suffisait point aux pontifes installés en Avignon car il leur fallait une place importante pour rallier leurs possessions du Haut Comtat. La terre de Valréas fut donc acquise le 30 Août 1317, par Jean XXII, qui fit contribuer toutes les communes et les ecclésiastiques du Comtat, par la levée des biens du séquestre des Hospitaliers, eux-mêmes héritiers des Templiers. Elle eut bien du mal à tracer les limites de son "enclave" car une portion demeurait toujours en territoire français soumis à la douane du roi...

Mais Humbert, le dernier Dauphin, protesta contre cette vente, et ses prétentions furent continuées par les rois de France, ses héritiers, jusqu’en 1450 lorsque Charles VII céda authentiquement au Pape Nicolas V tous les droits qu’il pouvait avoir sur Valréas, en échange des droits du Saint Siège sur Pierrelatte.

Valréas gagna beaucoup à cette réunion, tant sous le rapport matériel que pour son organisation civile. Comme l’Isle sur La Sorgue et Carpentras, il devint le chef-lieu d’une des trois judicatures majeures du Comtat.

C’est encore sous la domination papale, au XIVe siècle que fut complété son système de fortifications. La majeure partie des remparts date de cette époque. Une portion des murs, ainsi que le château Dauphin, où était l’hôtel de ville, rappelle l’époque plus ancienne des Dauphins du Viennois. Quelques réparations furent faites lors des guerres de religions.

Dans le combat du 25 Juillet 1562, un des plus importants de cette époque, et où se trouvèrent les principaux capitaines des deux partis, Montbrun et le baron des Adrets occupaient les hauteurs de Lestang ; le comte de Suze, retranché sur Piedvaurias (podium Valriaci), s’appuyait sur la ville. Le combat se livra dans l’intervalle qui sépare ces deux collines où se trouvaient les ravins et les tranchées dont parlent les chroniqueurs.

La perte de huguenots fut plus importante en hommes mais le comte de Suze perdit son artillerie, et Valréas fut pris par des Adrets, qui le reprit à nouveau au mois de Novembre, ainsi que Piolenc et Mondragon.


Source :

-livre Département du Vaucluse, Dictionnaire des communes, Jules Courtet, éditions Res Universis.



Posté le 30-11-2015 21:03 par Jimre

Valreas

Le château au coeur de la ville historique

Le château Ripert est situé sur le sommet de l’antique Valleriacum, colline de molasse dominant le bassin, sur laquelle des vestiges infimes mais bien réels de l’époque préhistorique et mis au jour lors des fouilles de 1995, témoignent de l’implantation de l’homme à Valréas à une époque très reculée (visite des salles archéologiques de l’ASPAER).

A l’origine, trois châteaux appartenant à différents coseigneurs s’élevaient tout près du cœur de la cité primitive de Valréas : Le château Riperti, le château Dauphin et le château Saint Jean. Mais seul le donjon du château Riperti, subsiste, les deux autres châteaux ayant été détruits aux XVe et XIXe siècles.

Edifié vers le début du XIIème siècle par les co-seigneurs de Valréas, Raymond de Mévouillon, Hugues d’Allan, Ripert de Valréas (qui a donné son nom à l’édifice), Bertrand de Taulignan, Dô de Chamaret, Pons de Guintrand (chartre de 1117), il appartient par la suite aux Montauban qui s’implantent au XIIème siècle autour de Valréas.

Le castrum appartient par la suite au Marquisat de Toulouse, puis de successions en achats divers passe de la Papauté au Dauphin en 1294, et en 1317, le pape Jean XXII reprend possession de Valréas et de son territoire jusqu’en 1792.

Le donjon que l'on voit aujourd'hui est nommé tour Ripert. La forteresse fut bâtie à une époque où les habitants venaient souvent y trouver refuge. L’étude minutieuse de l’architecture a permis de dater précisément l’édifice : il est de tradition romane, de la fin du XIIème siècle, début du XIIIème siècle. Toutefois, il y a eu au cours des siècles plusieurs ravalements visibles de l’extérieur, les parements externes ont pu être consolidés et restaurés vers le sommet. Les créneaux, eux, sont plus récents.

C'est une tour quadrangulaire de 17 mètres de haut, environ 7 mètres de coté et dont les murs ont 2 mètres d'épaisseur. Elle comprend trois étages et une terrasse.Les 2 premiers étages comportaient des planchers supportés par des poutres dont les trous de boulin à l’intérieur des murs sont visibles. Le dernier étage par contre comporte une très belle voûte romane en plein cintre appuyée sur les murs est/ouest.

A l’origine, la tour ne disposait d’aucun escalier car l’accès aux différents étages se faisait par des échelles de corde ou de bois.

Les différentes ouvertures qui sont bouchées sont probablement des accès à des escaliers inclus dans l’épaisseur des murs.  A noter que l’escalier actuel et la porte d’accès datent de 1679 et ont été édifiés après la destruction de l’escalier extérieur dont les traces sont visibles sur la façade est, pour accéder plus facilement à la terrasse qui reçut l’horloge en 1458. 

Le bourg de Valréas s’aggloméra progressivement autour du château et un premier rempart fut édifié autour. 

Au XIIIe siècle, l’histoire agitée de l’Italie oblige les papes à quitter Rome. Les papes font l’acquisition du Comtat Venaissin, ancienne terre des comtes de Toulouse, en 1274, puis d’Avignon en 1348. La cour pontificale s’installe  en Avignon et la région prend alors le statut d’Etat pontifical et le restera jusqu’à la Révolution. Sept papes et deux papes « schismatiques » s’y sont succédé jusqu’à ce que les conditions politiques en Italie permettent leur retour à Rome.

Le château est définitivement acquis par la Papauté quand celle-ci fait l’acquisition de la ville de Valréas  en 1317. 

Au XVe siècle, la Ville fait placer une horloge en haut de la tour. Pour cela, un édicule est construit sur la terrasse pour abriter la cloche de l’horloge appelée la "Charensole".

A la même époque, le sous-sol de la tour est aménagé en prison papale, fonction qu’elle conserve jusqu’à la Révolution.

Autrefois enclave papale à l’intérieur du Royaume de France. Lors de la création des départements français en 1792, à la suite de la Révolution Française, les habitants de Valréas, Visan, Richerenches et Grillon décidèrent, par référendum, de rester rattachés au Vaucluse, ce qui engendra l’existence d’une « Enclave » vauclusienne dans la Drôme Provençale

La tour offre ainsi un magnifique point de vue sur les paysages de l’enclave des Papes, du Haut Vaucluse et de la Drôme provençale.


L’Enceinte - Les Remparts :

L’enceinte polygonale constitue les restes visibles des remparts du Château (castrum) supérieur de Valréas. La porte d’accès (poterne) ne comporte plus que le pilier ouest et le départ de l’arc qui conserve encore la trace du passage de la herse. Elle comporte 9 côtés d’inégales longueurs encore en place pour la plupart.


La hauteur des murailles varie de 5,50 à 8,50 mètres (on ne connaît pas la hauteur d’origine). L’épaisseur est de 1,50 à 2 mètres. Construite en pierres finement taillées, elle est renforcée à sa base de contreforts visibles des jardins des Pénitents Blancs (fouilles archéologiques 1995). A l’emplacement du château d’eau actuel, s’élevait un local assez important, témoins les deux départs de murs, très épais qui sont harpés perpendiculairement sur le rempart côté nord. Le château, comme tous ceux du XIIème et XIIIème siècles, devait comporter des locaux en bois accolés aux murailles et à la tour qui servaient de salles communes, de salles d’armes, de greniers, de cuisines… Côté ouest, le départ d’arc dans les angles était sûrement le support de pièces supérieures en pierre ou en bois. Ces deux arcs étaient harpés sur la muraille du rempart sud ouest (maquette visible à l’office de tourisme).


L’église Notre Dame de Nazareth

Au XIe siècle, un prieuré bénédictin pourrait être à l’origine de l’église primitive romane mais la partie constituée d’une croix latine, l’abside, le transept et la nef, ne date que du XIIe siècle. L’édifice présente les caractéristiques de l’art roman provençal, qui atteint ici la limite nord de son aire de diffusion : monumentalité de la nef voûtée d’un berceau à peine brisé, importance des surfaces murales, chapiteaux inspirés de l’art antique dans le décor du chevet.

L’église du XIIe siècle fut agrandie par la suite. Des nefs latérales sont opposées aux murs extérieurs en demi-berceau. A partir du XVe siècle, les familles et les corporations de Valréas édifièrent de nombreuses chapelles.

A l’extérieur de l’église, les trois baies du portail sont richement décorées de voussures ornées, de chapiteaux travaillés de fleurs, de pétales, de figurines sculptées. Elles présentent une composition équilibrée de colonnettes, d’arcs en plein cintre. Le portail ouest est décoré d’élégantes colonnes, dues à des artistes des XIIIe et XIVe siècles. 

Deux clochers sont bâtis au-dessus des transepts de l’église. Le plus ancien, du XVe siècle, est un campanile octogonal à baie trilobée coiffé d’une ouverture conique. Le second, composé de trois arcades qui abritent les cloches, est de style purement provençal.

L’abside est formée de cinq pans rectangulaires qui sont renforcés par des pilastres à chapiteaux.

La monumentalité de l’église traduit l’importance de Valréas au Moyen-Age



Sources:
- Panneaux situés dans le village.
- site palais-des-papes.com
- site de l'Office du tourisme de Valréas.


Photos:
- Jimre (2015)

Posté le 28-11-2015 09:10 par Jimre