Science Héraldique

"Quand un chevalier casqué non reconnaissable,se présentait en lice pour participer aux joutes,le héraut d'armes ou "hérald", le "blasonnait"en "sonnant" du cor, pour son identification.- de l'allemand ancien blasen, signifiant sonner -Puis ces signes d'identification "chevaleresque", furent utilisés dans toutes les sphères sociales,tout autant religieuses, que professionnelles."

C'est en ces termes que Science Héraldique (lien supprimé car il renvoie vers un mauvais site 8:-((...)  vous accueille à l'entrée de son site internet. Animé par l'esprit de partage des connaissances attachées à la période du médiéval, Olivier Codevelle de Vincens nous a très aimablement fourni une étude afin d'avoir un autre point de vue, cette fois ci graphique, sur cette époque et, dans un deuxième temps, des éléments qu'il a lui même créé dans le but cette fois ci d'illustrer notre site. Nous l'en remercions vivement.Voici sans plus attendre l'intégralité de son article, illustrée par ses oeuvres.

La science héraldique

une contribution de Science Heraldique


Quelques blasons (partie1)

Languedoc / Provence-Aragon / Anjou / Provence-Bourbon / Comtat Venaissin

Nul ne contestera que l’instinct grégaire des hommes les a toujours poussés à s’identifier, créant pour cela des symboles facilement reconnaissables. Les anciens clans se réunissaient autour d’une imagerie commune, y liant très souvent des pratiques mystiques et religieuses, en utilisant tout naturellement pour ce faire les éléments de leur environnement.


De représentations totémiques en images guerrières, chaque groupe humain, qu’elle que fut sa destination, créa au fil des générations de très nombreuses symboliques fortement marquées. Vies pastorales, mystiques et guerrières furent étroitement dépendantes les unes des autres,  finissant par fusionner maintes foi logiquement. Les nombreux « Clans du loup ou de l’ours » et les « enseignes romaines » se rejoignirent et le monde antique, héritier de la préhistoire, s’effaça en se transformant et en posant les jalons des premières années du moyen-âge…


Les prémices de ce qu’il est de coutume d’appeler la « science héraldique » se retrouvent ainsi dans les siècles antérieurs à l’an mil. Mais les prêches, qui donnèrent naissance aux croisades organisées à la fin de ce premier siècle du second millénaire, apportèrent des changements aux vieilles habitudes, en particulier dans ce qui allait devenir le bestiaire héraldique.


Carte de la vallée du Rhône


Lorsque un chevalier venait pour se présenter à un tournoi, désirant entrer en lice pour jouter, il devait se faire connaître… puis bientôt reconnaître ! Il présentait alors les preuves de son statut chevaleresque, constitué de reconnaissances de ses pairs et le héraut d’armes, vérification effectuée, sonnait du cor pour prévenir de l’arrivée sur le lieu d’un combattant « dûment agréé ». Très vite, pour alléger ces formalités, le bouclier se chargea de symboles utilisés par le récipiendaire, afin que son identification en fût facilitée. C’est là l’origine des termes usités en héraldique. La majorité des mots de l’époque étaient d’origine germanique, latin étant langue d’érudit. « Héraut » vient du mot « hérald », lequel ayant vérifié l’état des « armes », « blasonnait » d’un terme issu de « blasen », signifiant « sonner »… du cor !


Le « blasonnement » étant ainsi le descriptif des images peintes sur les boucliers, qui est l’apanage des héraldistes, lesquels pratiquent la « science héraldique » ou « héraldique » ! « Héraldisme » étant un mot qui n’existe pas, il est impropre aux descriptifs de ces usages… L’ensemble des historiens reconnait que les règles de cet art se fixèrent environ au XIIe siècle et l’on ne peut que constater qu’elles suivirent celles constitutives de l’esprit chevaleresque. Imprégné de l’idéal chrétien, celui-ci contribua à recentrer le comportement de ces hommes, aguerris par les affrontements menés sous le soleil de Palestine, aux portes de la Cité Sainte.


Dans les combats, sous ces cieux fortement ensoleillés, il était très difficile de reconnaître les signes d’identification, par la réflexion trop intense de la lumière solaire sur le métal des écus. L’habitude fut alors prise de contraster très fortement les couleurs, afin que la réverbération ne puisse empêcher la reconnaissance du combattant, lequel devait à tout instant s’enquérir, sur les personnages qui l’entourait… amis ou ennemis ! Ainsi naquit la notion concernant les « armes à enquerre », qui est une règle interdisant la superposition d’un émail sur un émail, d’un métal sur un métal. Pour les fourrures, c’est un peu différent, car elles sont composées d’un émail et d’un métal. Les blasons négligeant cette règle étant considérés comme faux… d’où le terme de « fausses armes » ! Il est aussi probable, que les émaux, ternis par le temps, furent reproduits par des artistes ignorant cette règle...


La plus célèbre entorse à celle-ci étant le blason de Jérusalem : « D’argent, à la croix potencée d’or, cantonnée de quatre croisettes du même », seules « armes à enquerre » considérées vraies et réelles, puisque symboliques du martyr du Christ-roi en Terre Sainte. Même s’il apparaît évident que certaines de ces traditions, rapportées ici, ont une forte connotation traditionnelle issue des croisades, il est certain que le soleil brillait aussi en Europe et que ce constat s’applique évidemment aux blasons usités dans ses contrées…


Puis quand la plupart de ces combattants prirent de l’âge et se fixèrent, le service armé passa au second plan de leurs préoccupations, ceci même s’ils restaient redevables à leurs suzerains. Leurs blasons ornèrent naturellement leurs demeures, témoins de l’ensemble de leurs exploits, ils étaient la marque de leur vaillance et par assimilation de la propriété de leur domaine. Héritiers de leur sang, leurs fils adoptèrent l’habitude de porter les graphismes de leurs pères, qu’ils transmirent à leurs descendants, les rendant ainsi héréditaires dans leur propre lignée. Générations après générations, les cadets apportèrent bien des différences au blason original, le marquant par ce qu’il est convenu d’appeler des « brisures »… L’ainé étant le conservateur, il était « le plus ancien » et ainsi celui qui « portait le moins », d’où l’adage précisant que : « qui porte le moins est le plus » ; parallèlement d’autres familles blasonnant plus tardivement durent ajouter des éléments, pour éviter toute confusion avec les lignages plus anciens…


Ajoutons à cela, les armes de prétention à une seigneurie, acquise par achat ou par héritage, qui venaient alors s’accoler à celles plus anciennes et qui sont à l’origine des compositions, permettant d’ailleurs souvent d’aider à la recherche des nombreuses alliances généalogiques. Ce qu’il ne faut pas confondre avec les usurpations nominatives et bien sûr… graphiques ! Force étant malgré tout de tempérer le propos, car bien qu’il soit naturel de devoir respecter les armes d’autrui par leur non-utilisation, de nombreux blasons identiques furent portés par des familles, parfois mêmes homonymes… habitant « provinces » ou « pays » différents…


Quelques blasons (partie2)

Forez / Lyon / Bourgogne / Dauphine / Dauphin de France

Rapidement ce type d’imagerie personnelle, puis familiale, déborda le cadre de la seule noblesse chevaleresque. Des habitants des bourgs, les bourgeois, adoptèrent cette coutume. Puis ils l’appliquèrent à leurs activités, donnant naissance aux enseignes des corporations professionnelles et commerciales. Dans cette logique, les édiles municipaux des villes royales, seigneuriales ou ecclésiastiques, prirent pour habitude l’utilisation avec des variantes du blason de leur suzerain ou en firent composer, relatant certains faits spécifiques à leur cité. Les communautés religieuses firent de même, regroupant leurs ouailles derrière leurs blasons, les dignitaires portant leurs armes familiales avec les attributs extérieurs de leurs fonctions.


L’usage quotidien de la science héraldique s’est atténué au profit de celui des « logos », parfois tristes, parfois esthétiques, mais souvent dénué de toute valeur émotionnelle… Pourtant comme cela à toujours été la règle, rien n’empêche quiconque de porter un blason et de le transmettre à ses descendants, portant ainsi témoignage du souvenir de ses ascendants…

Quelques Blasons (3e partie et fin)

Vivarais / Savoie

Olivier Codevelle de Vincens

Encore une fois, toute l'équipe de Rhône Médiéval remercie Science Héraldique (lien supprimé car il renvoie vers un mauvais site 8:-((...) pour nous avoir permis de partager cet article, et ce malgré le retard que nous avons eu pour la publication.

Nous ne pouvons que vous conseiller pour approfondir vos connaissances et pour en savoir plus de vous rendre à cette adresse : http://science-heraldique.com (lien supprimé car il renvoie vers un mauvais site 8:-((...)

Posté le 04-04-2011 10:47 par Jimre