Montailleur
Montailleur
Le château de Montailleur
Situation
Au-dessus du chef-lieu et des Bognons, sur un épaulement dominant l'auge glaciaire de l'Isère.
Histoire
On sait relativement peu de choses de ce château ancien, construit sur une motte féodale de plan ovale ou poype.
Il en subsiste une tour carrée de 8 mètres de côté, des XIIe-XIIIe siècles, considérablement diminuée de hauteur vers 1960 car elle présentait des dangers d'effondrement, et que l'on jugea plus simple d'abattre le sommet plutôt que de la consolider.
La tour était reliée à une enceinte maçonnée dont il reste quelques vestiges. La chapelle Saint-Michel, au pied de la motte, était une chapelle castrale. Un pèlerinage annuel y eut lieu tous les 29 septembre jusqu'en 1940.
Montailleur faisait partie d'un système défensif en relation avec les tours de Tournon, du Château-Vieux de Mercury, en amont, et de Miolans vers l'aval. De la tour, on a une bonne vue directe sur le château de Sainte-Hélène-sur-Isère, également. Le château a dû subir des dommages au début du XIV e siècle, lors des attaques des dauphins de Viennois sur les points fortifiés du Val-d'Arly et de la Haute-Combe de Savoie (Ugine, Cornillon, Château-Vieux), avant le traité de 1355.
La seigneurie de Montailleur appartint à la famille de La Chambre. En 1223, mention est faite d'Hugues de La Chambre seigneur de Montailleur, frère de Pierre vicomte de Maurienne. Avant cette date les occupants sont inconnus. Elle fut inféodée en 1482 à Philippe de Savoie, comte de Bagé, frère du duc de Savoie en conséquence de la confiscation des biens de Louis comte de La Chambre, vicomte de Maurienne, pour crime de lèse-majesté (20 février 1482). Elle passa par la suite aux de Blonay, aux Luxembourg-Martigues, au XVI e siècle, en faveur de qui elle fut érigée en baronnie, puis aux Beaufort. Dans la première moitié du XVIe siècle, les Beaufort étaient seigneurs d'Héry-sur-Ugine, coseigneurs de Cornillon et Marthod – territoires sur lesquels on trouve aussi les du Verger lorsque le révérend François de Beaufort l'acquit en 1548 de François de Luxembourg vicomte de Martigues, fils de Louise de Savoie. Le révérend était protonotaire apostolique, prieur et curé d'Ugine à cette date.
En 1622 Montailleur passa avec tous les biens des Beaufort, par mariage à Guillaume du Coudray de Blancheville, puis aux marquis de Grimaldi-Beuil, qui le vendirent vers 1754 au président Foncet.
En effet, en 1729, la « place pleine de pierres » autour de la tour et la chapelle Saint-Michel sont cadastrées au nom d'Annibal-Victor-Amédée de Grimaldy, marquis de Beuil, de Séveragnes, baron de Montailleur et seigneur de Grandville en Provence. La tour elle-même ne lui appartient que pour moitié, avec Charles-Philibert du Verger. Mais c'est le marquis de Beuil qui possède les droits sur les hommes de la paroisse, tous lui doivent « le guet, l'excharguet, le trait des bestes féroces quand ils en prendront, ainsy contenu dans les terriers, sçavoir pour une foyne et un lièvre un denier fort, pour un renard deux deniers forts, pour un chamoix, un loup et un ours et autre grosses bestes les deux quartiers arrières... item le peyssonnage à la manière usitée de ladite terre ».
Par ailleurs certaines familles se reconnaissaient encore pour ses hommes-liges et tailliables à miséricorde en 1729 : les Hugonnier, les Rey de Montailloset, les Vieux-Boleys, Chappuis dit Chatel, Outier-Guidet, Outier-Gonet, Rey de Plan-villard, Outier-Pellicier et Rosset dit Savoye. Par contre les Miguet et les Christin dit Carrin ne devaient au marquis que le simple hommage.
Quant à Jean-Joseph Foncet, fils d'anobli, il reçut en 1753 l'investiture, avec le fief de Saint-Jean de Peillonnex en Faucigny, de la terre de Montailleur, et le titre de baron. En 1754, il négociait heureusement le traité des frontières à Turin, et était en 1768 président et auditeur général des guerres en Savoie.
Son fils aîné, Pierre-Clément Foncet, « riche comme Crésus dit Montailleur, adhéra au club nobiliaire « Le Casin» de Chambéry, fondé en 1784, qui recevait la néonoblesse (Jean Nicolas).
Description
Cette description est due à Elisabeth Sirot, qui fait un rapprochement entre la fortification de Montailleur et d'Ugine, toutes deux situées au-dessus du village qui est de peuplement ancien, et de l'église paroissiale, à proximité de la forêt, dans une contrée isolée.
Devant la motte s'étend une basse-cour quadrangulaire de 35 mètres de long comme de large. Elle se resserre sur les côtés. Le tracé du contour du fossé est encore très visible. La plate-forme sommitale abrite une tour carrée de 8 mètres de côté, qui semble avoir été reliée à une enceinte maçonnée dont on aperçoit quelques vestiges. Le donjon est caractéristique des constructions des XIIe et XIIIe siècles, avec accès au premier étage. Les maçonneries sont constituées par un petit appareil de schistes et un chaînage d'angle en gros blocs de calcaire.
Sources fournies par Nano.M:
- Châteaux et maisons fortes savoyards, Michèle Brocard - Elisabeth Sirot, Editions Horvath.
- Les châteaux de Savoie, Michèle Brocard, Cabédita, Collection sites et Villages.
Photos:
- Jimre (2021)
- Nano.M, (2022) avec notamment des photos anciennes prises à partir des sources représentant la tour avant et après son effondrement. On y voit:
* Une photo qui serait actuellement la plus ancienne vue connue de la tour, Elle remonterait aux années 1880 et aurait pu être prise soit lors d'une visite pastorale soit lors du passage d'un voyageur dans la région. Elle illustre bien le début des dégradations sur le bas du mur Sud-Ouest. En effet, c'est à cette même période que des habitants avaient commencé à prendre des pierres à la base du mur pour réparer ou construire des maisons. En guise de sanction, le maire de l'époque, M. De Cevins (dont la famille était propriétaire de la tour) avait confisqué l'accès à une source voisine.
* On voit qu'à cette époque, de la vigne poussait encore sur la butte et du chanvre était cultivé au pied La tour du Château en 1935 (en haut) et quelques temps tard (en bas).
* Ensuite, la tour du Château dans les années 1950, peu de temps avant l'effondrement. Le retrait des pierres à la base du mur Sud-Ouest a provoqué une fragilité qui s'est accentuée avec les infiltrations d'eau et la foudre.
* La tour du Château peu de temps après l'effondrement du 28 janvier 1960". Le 28 janvier 1960 la moitié de la tour s'est écroulée. Les aciéries d'Ugine étaient alors propriétaires de la tour du Château mais aussi du château de Montailleur (situé au chef-lieu) qui accueillait des colonies de vacances. Pour des raisons de sécurité, il a été décidé de démolir la partie supérieure de ce qui restait après l'effondrement. C'est l'entreprise Botta d'Ugine qui a effectué les opérations.
Posté le 15-12-2021 10:44 par Jimre