Bellegarde
Bellegarde en Forez
Le nom donné au château de Bellegarde, aussi bien que sa situation à l'entrée de l'étroite vallée d'Anzieu,nous révèlent que, de bonne heure, ce lieu fut fortifié pour commander la route la plus suivie de Lyon à Montbrison.
Dès le jour où les comtes de Forez se fixèrent dans cette dernière ville, cette position stratégique ne pouvait échapper, en effet, à leur attention.
Non seulement ils élevèrent à Bellegarde un château-fort, entouré d'une enceinte continue, qui enveloppa a la fois la forteresse et le village bâti a ses pieds, mais ils firent construire encore, de l'autre côté de la vallée, sur une sorte de poype, qui domine aujourd'hui la voie ferrée et affecte la forme d'un tumulus, une tour, détruite depuis de longues années, qui vint compléter le système de défense de l'entrée du défilé.
Les comtes de Forez, auxquels appartenait aussi le château-fort d'Iseron, occupaient ainsi les deux points extrêmes du plateau des montagnes du Lyonnais.
Et l'on comprend aisément combien ces deux postes fortifiés facilitaient leurs relations avec Lyon, dont ils ne furent chassés définitivement qu'à la fin du XIIe siècle, après une lutte des plus vives avec les archevêques de cette ville.
Quand le traité de 1173 vint consommer à jamais la séparation du Forez et du Lyonnais, les comtes de Forez durent abandonner Iseron, cette forteresse si menaçante pour Lyon que la légende de Saint-Taurin l'appelle une "sorte de clou enfoncé dans les yeux de cette cité"; mais Bellegarde demeura en leur pouvoir.
Toutefois, construit surtout pour surveiller un passage très fréquenté, ce château ne fut point une des résidences habituelles des comtes de Forez, comme Sury-le-Comtal et Cleppé.
Aussi s'en dessaisissent-ils volontiers pour le donner en apanage à leurs fils puînés. Puis, quand cette terre fait retour au domaine comtal, ne retrouve-t-on à Bellegarde qu'un prévôt et un châtelain, entre les mains desquels réside le pouvoir administratif et judiciaire.
Mais les souvenirs historiques sur Bellegarde sont rares à l'origine et ne remontent pas au-delà du commencement du XIVe siècle. Nous voyons ainsi qu'au mois de juin de l'année 1305, un nommé Durand de l'Orme (de Ulmo), de Cotacer, avec Jean et Martin, ses fils, reconnaissent être taillables et exploitables du comte de Forez, comme le sont, dit l'acte de foi et hommage, les autres habitants de la seigneurie de Bellegarde et qu'ils sont tenus de lui bailler un homme armé, quand il voudra aller en guerre.
En outre, les mêmes vassaux déclarent devoir chaque année au comte une livre de cire, pour droit de garde, à cause d'une maison qu'ils possèdent a Bellegarde.
Quelques années plus tard, le 3 juillet 1317, nous voyons encore Jean, comte de Forez, céder à Girin du Pinet, damoiseau, possesseur d'une terre voisine, située sur la paroisse de Maringes, plusieurs droits de cens dans le mandement de Bellegarde, en échange des hommes, cens et rentes que ce dernier possédait dans les mandements de la Roue et de Monpeloux (on parle de Monpeloux ou Montpeloux ici).
C'est aussi à la même époque que la terre de Bellegarde fit partie de l'apanage constitué, par le comte Jean, en faveur de son fils puiné, Renaud, dans le contrat de mariage de ce dernier avec Marguerite, fille de Philippe, duc de Savoie. En effet, dans cet acte, qui porte la date du 10 juin 1314, le comte de Forez fait donation à son fils, non-seulement de la succession d'Alix de Viennois, mère dudit Renaud, mais encore d'une somme de 2.000 livres tournois de rente annuelle, hypothéquée sur les châteaux et mandements de Bellegarde, Saint-Germain-Laval, Souternon, Bussy, Cleppé et Fay, pour servir de garantie aux reprises des 14.000 florins d'or que Philippe de Savoie avait donnés en dot à sa fille Marguerite.
Ce n'était là qu'un simple droit de rente constitué au profit de Renaud, sur ces diverses terres. Mais dans son testament, en date du 16 Août de la même année, le comte Jean compléta sa libéralité en léguant a son fils les terres et châteaux de Bellegarde, Malleval, Rocheblaine, Saint-Germain-Laval, Bussy, Cleppé et Fay (Lafay?).
Il est vrai que le comte Jean semble être demeuré, pendant plusieurs années encore, en possession de la terre de Bellegarde, comme nous l'apprend un acte de foi et hommage, rendu le 11 décembre 1328 par Robert du Pinet, de Pineto, damoiseau, fils et héritier de Girin du Pinet, pour des maisons et des vignes situées dans le château et le mandement de Bellegarde et pour d'autres biens situes à Maringes.
Mais le comte Jean se dessaisit réellement de toutes ces terres, tout au moins en 1329, car le 7 mars de cette même année, nous le voyons recevoir l'hommage de Renaud, pour les châteaux et villes de Bellegarde, Saint-Germain-Laval (y compris la partie acquise par Jean d'Artaud de Saint-Germain), Souternon, Bussy, Cleppé, Fay et Rocheblaine, à l'exception du fief qu'il devait, à Cleppé, à l'abbé de l'Île-Barbe.
Cet hommage démontre bien que Renaud avait été mis réellement en possession de toutes ces terres.
Toutefois, après la mort du comte Jean de Forez, arrivée le 3 juillet 1333, l'exécution de son testament semble avoir donné lieu à de sérieuses difficultés entre Renaud et son frère aîné, Guy, comte de Forez.
Car lorsque, par un acte du 11 novembre 1335, ce dernier reconnut l'existence de la rente de 2.000 livres, établie au profit de Renaud, dans son contrat de mariage avec Marguerite de Savoie, sur les terres et mandements de Rocheblaine, Malleval, la Voulte, Fay et Bellegarde, Renaud se plaignit de ce que ces terres, à lui léguées par son père, ne produisaient pas 2.000 livres de rente. Guy soutint, au contraire, qu'elles étaient de plus grande valeur.
De là un débat qui ne fut tranché que par une sentence arbitrale du 3 décembre 1336, suivie d'une transaction du 23 janvier 1337, par laquelle il fut convenu que pour assurer à Renaud les 2.000 livres de rente auxquelles il avait droit, les châteaux et seigneuries de Bellegarde, Rocheblaine, Malleval, Fay, Cleppé, Bussy, Souternon et la maison de la Voulte lui appartiendraient à perpétuité, sans que Renaud pût réclamer rien de plus, mais que le château de Saint-Germain-Laval, ou du moins la partie qui appartenait au feu comte Jean , demeurerait la propriété du comte Guy et de ses héritiers.
C'est ainsi que Renaud fut effectivement mis en possession, à titre d'apanage, des terres que nous venons d'énumérer. Mais Renaud mourut en 1369, et comme de son mariage avec Marguerite de Savoie il n'avait eu qu'un fils, Thomas, mort en bas âge, toutes les seigneuries qu'il avait reçues de son père retournèrent, à sa mort, au domaine du comté de Forez.
Désormais, Bellegarde ne fut plus que le siège d'une châtellenie, où fut installé un capitaine châtelain, dont la principale fonction était de rendre la justice de première instance, mais qui était chargé, en outre, de la défense du château et de percevoir les revenus du domaine particulier du comte.
C'est ainsi qu'en 1394, nous voyons Artaud de Boisvair, écuyer, nommé châtelain et capitaine des châteaux et châtellenies de Sury-le-Bois et de Bellegarde au lieu et place d'Etienne Burcadel.
A côté de ce fonctionnaire existait aussi un prévôt, chargé de pourvoir aux travaux de réparation et d'entretien des châteaux de la châtellenie, et de recueillir les redevances de toute nature, dues aux comtes de Forez : cens, abenevis, amendes, droits de péage, leyde, dîmes, tailles, etc., payés par les vassaux et les censitaires.
On conserve encore, aux archives de la Loire, les comptes rendus par quelques-uns de ces prévôts et notamment par André Valançon et Grégoire Clavel, prévôts de Bellegarde de 1383 à 1403. Nous apprenons ainsi qu'il fut fait des réparations pour une somme de deux francs, au donjon de Bellegarde, en janvier 1383.
Cette somme peut nous paraître bien minime ; mais nous trouvons dans le même document des renseignements très précieux sur la valeur comparative des monnaies de cette époque avec celles de nos jours. Ainsi, dans une période de 20 années (1383-14o3), nous voyons que le prix du seigle varia de 16 à 22 sous le sestier (le sestier forézien représentant une contenance de 16 bichets, c'est à dire de 530 litres environ), et celui du vin de 6 sous 3 deniers à 7 sous 6 deniers l'ânée (une ânée de vin représentant 1 hectolitre environ). A la même époque, un agneau valait 2 sous 6 deniers, un lièvre 2 sous, un lapin 2 sous, une poule 12 deniers, la peau d'un cheval 2 sous 6 deniers, une serrure en fer et sa clé 5 sous.
Ces chiffres nous permettent aussi d'apprécier l'importance de certains impôts assez fréquemment perçus à cette époque. Dans une contribution de 1.000 francs imposée; par feux, dans la province du Forez, au mois d'août 1387, pour tenir gens d'armes et chevaucheurs, chargés de résister aux ennemis, qui souvent venoient audit pays de Forez, les hommes de Bellegarde sont taxés à la somme de 10 francs, ce qui représente bien tout au moins 3oo francs de la monnaie actuelle.
Aucun autre fait intéressant n'est à signaler dans cette longue période, pendant laquelle Bellegarde fut confondu avec les autres possessions des comtes de Forez, et ce n'est que plus d'un siècle après que le nom de cette seigneurie reparaît dans nos annales, au moment où Anne de France et le connétable de Bourbon, son gendre, vendent la terre et seigneurie de Bellegarde à messire Guillaume de Bron, chevalier, seigneur de la Liègue, pour le prix de 4.000 livres. Cette vente, qui porte la date du 2 Septembre 1521, fut ratifiée par madame la connétable, Suzanne de Bourbon, le 2 Octobre suivant.
Désormais l'histoire de ce fief va se confondre avec celle des familles qui l'ont possédé jusqu'à nos jours.
Source:
- Les vieux Châteaux du Forez. Bellegarde et la Liègue. Étude historique, par M. A. Vachez,.... 1882 sur Gallica.
Posté le 19-01-2016 20:05 par Jimre
Bellegarde en Forez
Lors de la fondation du prieuré dépendant de l'abbaye de St Martin d'Ainay à Lyon, vers 800 à 900, le village construit autour de ce prieuré portait le nom de "Farges" et l'ancienne église romane édifiée au XIIe siècle était placée sous le vocable de Notre Dame de Bellegarde.
Au XIIIe siècle, la ville de BelleGarde était fortifiée. Une garnison était chargée de surveiller le défilé et de faire payer le droit de passage.
Ce n'est qu'au XIVe ou XVe siècle que la commune ou plutôt la paroisse toute entière prit le nom de Bellegarde, du nom du château féodal et du petit village qui se trouvait à l'intérieur de la forteresse, construite entre 1000 et 1100 (parce que c'était une belle garde).
Ensuite, il y eut un transfert de nom. Les maisons situées sur la Route Nationale (à l'époque Route Royale construite en 1780) et qui ont presque toutes été bâties après 1800 prirent le nom de "La Farge" et les habitations situées autour de l'église devinrent "Le Bourg".
En 1903, pour
éviter des retards à l'acheminement du courrier postal et des confusions avec
Bellegarde (Loiret), la municipalité demande à la Préfecture que Bellegarde
porte à l'avenir le nom de Bellegarde-en-Forez, ce qui est accepté et
officialisé par un décret en date du 20 novembre 1903 signé par le Président de
la République, Emile Loubet et le Président du Conseil, Emile Combes.
Blason :
D'or à la fasce ondée entée de sable.
Sources:
- Site de la Mairie de Bellegarde en Forez
- Représentation de Bellegarde en Forez dans l'Armorial de Revel (Bnf, fr. 22297, p. 453)
Photos:
- Jimre(2013)
Posté le 19-06-2013 22:26 par Jimre