Charbonnieres
Charbonnières
Les Ruines de Charbonnières ou Charbonnière
Histoire
Aiguebelle constitue le verrou de la vallée de la Maurienne, près du confluent de l’Arc et de l’Isère, et présente ainsi un grand intérêt stratégique, contrôlant les accès aux grands cols alpins dont le col du Mont Cenis.
On trouve également de l’autre côté de l’Isère, surveillant le confluent des deux vallées, le château de Miolans sur la commune de Saint Pierre d’Albigny.
Le premier document mentionnant le château date de 1042, c’est une charte par laquelle un clerc, Aimon, fils de Hugues, fait donation de l’église de Voglans aux moines de Novalaise. Le château de Charbonnières était un point d’ancrage important pour les premiers princes de Savoie. On a ainsi recensé un denier d’Aiguebelle, daté du XIe siècle, qui est la première monnaie des princes de Savoie. Si le comte Odon a autorisé qu’une monnaie y soit battue et même si la monnaie n’était pas reconnue des différents souverains étrangers, il n’en reste pas moins qu’un atelier monétaire a existé, preuve de la confiance accordée à la ville ainsi qu’à sa forteresse par cette famille.
Charbonnières servit probablement de résidence aux premiers comtes de Maurienne, Humbert aux blanches Mains et comme le château est au centre des leurs possessions, ses descendants y séjournèrent régulièrement pendant deux siècles. Amédée Ier, Odon et Amédée II y seraient nés, ainsi que Thomas Ier et Philippe Ier, en 1177 et 1207, puis le centre de gravité des états de Savoie se déplaça vers Montmélian et Chambéry, acheté en 1295.
En 1266, Pierre II data de ce château une charte établissant un marché hebdomadaire et une foire à Saint Michel de Maurienne. Selon le chanoine Truchet, ce prince serait le premier possesseur du château qui aurait d’abord été la propriété de vassaux, les Miolans-Charbonnières.
Aiguebelle fournit en 1355 au Comte Vert dix hommes à cheval et 250 hommes à pied, démontrant ainsi l’importance du château.
Au XVIe siècle, Emmanuel Philibert remit en état la place forte, qui avait été en grande partie détruite par le feu en 1536, et la dota de fortifications. En 1597, lors de l’invasion de la Savoie par les troupes de Lesdiguières, le siège est mis devant Charbonnières, que le duc Charles Emmanuel reprend en 1598. L’assaut de la forteresse débuta le 6 Mars 1598 avec l’attaque simultanée de trois batteries, une commandée par Charles Emmanuel, une autre par le sire d’Albigny et don Giovani Mendoza. Ils ouvrirent une brèche dans le fort en fin de journée et le commandant se rendit. Lesdiguières, pendant ce temps avait dispersé ses hommes vers Saint Jean de Maurienne pour contrôler le passage de l’ennemi.
Mais ce ne fut pas l’ultime épisode de la lutte. En effet, un second assaut est conduit en 1600 par Sully en présence du roi de France Henri IV et la forteresse, très endommagée, fut en partie reconstruite. Le conflit devait se dénouer au traité de Lyon du 16 Mars 1601, à la suite duquel le duc Charles Emmanuel reçut confirmation de ses droits sur la Maurienne et le marquisat de Saluces, cédant en échange à la France les provinces d’outre Rhône : Bresse, Bugey et Valromey.
En 1630, la forteresse fut reprise par le maréchal de Créquy puis connut ensuite une période de tranquillité jusqu’en 1690. Un châtelain y résidait alors, à la tête de 6 archers et quatre gardes.
Lors d’une nouvelle invasion française, la forteresse cède à nouveau devant les forces du marquis de Saint Ruth. Elle est réparée sommairement après le Traité d’Utrecht et subit un dernier assaut en 1743, lors de l’occupation de la Savoie par les troupes espagnoles. Ecrasé sous le feu de milliers de boulets, le château fut enseveli sous ses propres décombres et il ne fut jamais réparé.
Ses ruines, avant d’être acquises par la municipalité, appartinrent entre autres au premier beau-père du président tunisien Bourguiba.
Le château
Une gravure de Chastillon en 1602 donne une idée de son aspect imposant, dressée sur l’esplanade qui couronne le rocher de Charbonnières, la forteresse était protégée par un rempart qui suivait le bord supérieur de la crête et descendait jusqu’à une tour carrée d’environ six mètres de côté.
Il semble que le donjon ait été construit sur une motte artificielle élevée à la pelle à cet emplacement précis de la plate-forme rocheuse. En 1860, Camille Foray décrivit ainsi Charbonnières :
Revêtu d’un appareil à petits contreforts à l’extérieur, le mur de rempart est construit avec des moellons ordinaires pris sur place. L’entrée du fort est défendue par deux tours surmontées d’un ouvrage en crénelure allongée. En 1840, on voyait, on voyait encore le sous-pied de dalles grossières sur lequel tombait la herse en fer. Elevé à quatre-vingt mètres au-dessus de la vallée, le château comportait une citerne alimentée par les eaux de l’Arc coulant à ses pieds et les infiltrations à travers les parois latérales du cône tronqué dans lequel elle est creusée. Son entrée devait être protégée par une construction, car en 1748, lors de l’inventaire, on livre au seigneur châtelain Brunier douze clés, dont celle de la citerne.
Cette description tient compte des grandes modifications de structures intervenues au XVIe siècle et début du XVIIe siècle, mais le castrum primitif devait comprendre : le donjon sur sa butte artificielle, une tour à signaux ignés, la citerne et l’église castrale « Saint Laurent du château », nommée dans un acte de 1139.
Les observations sur le terrain font surtout apparaître les traces des constructions des XVII et XVIIIe siècles, date de la restauration.
Actuellement, les traces des fossés encore visibles, malgré les bouleversements causés par les bombardements de 1600 et 1743. On retrouve à l’intérieur du long rempart qui domine la route nationale, l’autoroute de la Maurienne et l’Arc, au milieu d’un amoncellement de pierres, l’ancienne poudrière, la citerne en partie comblée et l’orifice du puits.
Sources fournies par Nano.M:
- Châteaux et maisons fortes savoyards, Michèle Brocard - Elisabeth Sirot, Editions Horvath.
- panneau présent sur le site
Photos :
- Nano.M (2022)
Posté le 14-10-2022 10:36 par Jimre