Pierrelatte
Pierrelatte
Pierrelatte, ch.l. de con arrond. de Montélimar.
- Petralapta, 1193 (Cart. de Die, 40)
- Peire-Lapta, XIIe siècle (Rev. des Soc. sav., 5e série, I, 369).
- Terra Petry Latae, 1230 (Hist. de Languedoc, V, 528).
- Castrum et fortalicium Petre Lapte, Dominus Petrilatte, 1278 (Inv. des Dauphins, 253).
- Castrum de Petralata, 1291 (Valbonnais, II, 59).
- Petra Lapidea, 1296 (arch. de la Drôme, E 3442).
- Apud Petram Laptam,1324 (ibid., 3441)
- Pierralatte, 1551 (Inv. de la chambre des comptes).
- Pierrelates, 1614 (arch. de la Drôme, E 3400).
Avant 1790, Pierrelatte était une communauté de l'élection de Montélimar, subdélégation de Saint-Paul-Trois-Châteaux et de la sénéchaussée de Montélimar, formant une paroisse du diocèse de Saint-Paul-Trois-Châteaux, dont l'église dédiée à saint Jean-Baptiste était celle d'un prieuré de cisterciens, qui fut réuni à la cure en 1669 et dont les dîmes appartenaient un tiers au curé et deux tiers à l'évêque diocésain.
Il y avait anciennement, dans le château de Pierrelatte, une chapelle dite de Saint-Michel et de Nôtre-Dame, que le roi Louis XI convertit en un chapitre de sept chanoines; mais ce chapitre fut supprimé pendant les guerres de religion.
Au point de vue féodal, Pierrelatte était une terre sur laquelle les comtes de Provence acquirent en 1156 quelques droits, et qui fut pendant longtemps partagée entre plusieurs coseigneurs.
En 1211, les Pierrelate, les Saint-Just, les Saint-Pasteur, les Sérignan, les Boucoiran, les Vétulus et l'évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux. En 1296, les Beaumont et les Cornilhan avaient remplacé les Boucoiran et les Vétulus; vingt-cinq ans après, l'évêque de Viviers comptait parmi les coseigneurs de Pierrelatte.
Enfin, en 1450, le dauphin Louis XI, qui tenait des barons de Montauban certains droits sur cette terre, acquit du Pape, des Audigier, des Moreton et des D'Eurre, le surplus et abandonna presque aussitôt le tout aux Crussol et ensuite à Gabriel de Bernes. En 1489, Pierrelatte fut encore viagèrement donné aux Villeneuve, puis vendu, sous faculté de rachat, aux Galéas de Saint-Séverin en 1523, deux ans après, aux Reymondet, et en 1543, aux Escalin des Aimars.
Ceux-ci se substituèrent, en 1602, la communauté de Pierrelatte elle-même, et cette communauté rétrocéda, en 1653, ses droits seigneuriaux au prince de Conty, qui les vendit en 1783 au comte de Provence, le futur Louis XVIII, qui fut ainsi le dernier seigneur de Pierrelatte.
En 1790, Pierrelatte devint le chef-lieu d'un canton du district de Montélimar, qui ne comprit tout d'abord que la commune de ce nom, mais dans lequel la réorganisation de l'an VIII fit entrer les communes de la Baume-de-Transit, Bouchet, Clansayes, Donzère,la Garde-Adhémar, les Granges-Gontardes, Montségur, Rochegude,Saint-Paul-Trois-Châteaux, Saint-Restitut, Solérieux, Suze-la-Rousse et Tulette.
Seulement, en 1829, le chef-lieu de ce canton fut transféré Saint-Paul-Trois-Châteaux et ce n'est qu'en 1856, que, ce canton ayant été partagé en deux, Pierrelatte est redevenu le chef-lieu d'un canton, comprenantles communes de Donzère, la Garde-Adhémar,les Granges-Gontardes et Pierrelatte.
La population de Pierrelatte se composait, en 1742, de 280 familles, habitant 250 maisons.
Source:
- Dictionnaire topographique du département de la Drôme par J. Brun-Durand trouvé sur Gallica.fr
Posté le 10-04-2021 13:49 par Jimre
Pierrelatte
La Ville de Pierrelatte (et son territoire soit 4956 hectares)
constitue la pointe Sud-Ouest du département de la Drôme. Bordée à l’Ouest par
le Rhône et les collines ardéchoises, Pierrelatte occupe la plus grande partie
de la vaste plaine alluviale formée par le fleuve dans sa partie tricastine. Au
nord Donzère, à l’Est La Garde Adhémar et Saint-Paul-Trois-Châteaux, capitale
du Tricastin antique, au Sud Bollène et Lapalud (département du Vaucluse) sont
les communes voisines de la cité. Entourée de ces palissades montagneuses,
recouvertes d'immenses forêts verdoyantes et giboyeuses, la plaine tricastine
débouche au sud du Robinet de Donzère. À l'ouest, c'est une vaste étendue
marécageuse, arrosée largement par le Rhône.
L’emprise globale de Pierrelatte ne remonte néanmoins qu’à
la Révolution française. Jusqu’à la formation des départements en 1791, une
frange importante de la rive gauche du Rhône est bourguésane
(Bourg-Saint-Andéol) et fait partie, de fait, du Languedoc.
Au milieu de la plaine pierrelattine, Le Rocher de
Pierrelatte, est fait d’un calcaire urgonien. Il est sans conteste à rapprocher
des rochers qui forment le défilé de Donzère, plus au nord. C’est auprès de lui, que naît Pierrelatte,
nom dérivé du latin « petralapta » (pierre large).
La légende, comme
Rodolphe Bringer l’évoque en 1936, veut que cette pierre ait été jetée là par
le géant Gargantua. Un géant, le Grand
Gargantian, que Rabelais appela plus tard Gargantua, venait d’un pas de
franchir les Cévennes, quand il sentit une gêne dans sa chaussure. S’étant
assis sur la « Dent de Resse », le mont Ventoux, il ôta son soulier et y trouva
un gravier (proportionnel à la taille du Géant), qu’il lança par-dessus le
Rhône. Il tomba là où il se trouve aujourd’hui.
Mais comme dans toute la région, Pierrelatte voit passer les
Ligures, les Celtes, qui apportent avec l'Empire romain la civilisation.
Avec le Moyen Âge s'installe le régime féodal. Le bourg primitif se développe au sud, entouré d’une
ceinture de murs en forme d’hémicycle dont la base était le Rocher.
Une forteresse est construite sur le Rocher mais de celui
attesté au XIIIe siècle, il ne reste rien.
La chapelle des Pénitents située au pied du Rocher et à
l’intérieur du premier rempart, est en partie datée des XIIe siècles ou XIIIe
siècles.
Au-delà du premier rempart du château, une deuxième muraille
de protection est construite, sans doute vers le XVe siècle. Elle permet de
protéger la population habitant hors des murs et de lutter contre les brigands
et les pillards. L’intervalle entre les deux murs prit le nom de ville neuve
par opposition à la ville vieille. Du premier rempart qui ceinturait le bourg,
subsistent quelques vestiges rue de l’Archange, dont une tour décorée
intérieurement d’étranges graffitis.
Avec les seigneurs, coseigneurs et plus tard consuls, la «
charte d'affranchissement » permet aux habitants de désigner leurs
représentants, aux pouvoirs limités toutefois : la commune est née.
Au début du XIVe siècle, les Templiers développent et
rénovent l'agriculture dans la plaine.
Jusqu’en 1450, le château de Pierrelatte et les territoires
avoisinants sont aux mains de plusieurs seigneurs ou coseigneurs puis le
Dauphin, futur Louis XI, réunit la seigneurie de Pierrelatte au Dauphiné puis
au domaine royal. On lui doit l’agrandissement du château, la construction de
chapelles en son sein et probablement la construction ou la reconstruction
d’un deuxième rempart protecteur pour la
cité, qui a partiellement subsisté rue des Remparts du Midi, du Nord, de
l’Ouest.
François 1er devra d'abord louer Pierrelatte à de Reymond,
puis la vendre au baron de la Garde. De cette époque « moderne »,
subsiste aussi une imposante porte cochère, rue du Château, seul vestige d’un
hôtel particulier appelé communément « maison des Gouverneurs ». Cette porte
daterait de 1548. Des éléments architecturaux antiquisants (chapiteaux,
fronton,….), de grandes similitudes avec un portail du château d’Urfé dans la
Loire, qui lui est parfaitement daté de 1549 laissent effectivement augurer une
construction « Renaissance ». Dans cette demeure, dit-on, dormait le baron de
la garde car il trouvait le château peu confortable. Plus tard, ce bâtiment servit
d’hôtel des impôts et de cartonnage.
Les guerres de religion vont alors ensanglanter toute la
plaine. L'insuffisance des ressources pour nourrir les soldats en garnison se
fera sentir. En 1562, la ville est prise et pillée par le baron des Adrets, et
ses défenseurs massacrés.
Mais en 1599, Pierrelatte,
rachetée par les habitants est de nouveau donnée au Roi.
De grands personnages se succèdent comme seigneur de
Pierrelatte, rien moins qu’Henri IV à la fin du XVIe siècle, puis Louis XIII
jusqu‘en 1637. C’est sur l’ordre de ce dernier, en 1633, que le Cardinal de
Richelieu fera démanteler la forteresse. Il faut de l'argent ! Toujours de
l'argent ! Louis XIII imposera la communauté sous la forme de
"rachat" et une fois encore les habitants de Pierrelatte
interviendront et offriront la Seigneurie au Prince de Conti, neveu de Mazarin.
Les habitants et les consuls qui les représentent ne peuvent
que constater l’endettement endémique de la communauté.
Les vagues de peste, les mieux connues de 1629-1631 et 1652
frappent durement. En 1652, le prêtre en omet de mentionner les décès dans son
registre. Il écrit : « octobre, novembre et décembre vacquent à cause de la
peste ».
Au lendemain des guerres de religion, est mentionnée dès
1617, l’existence d’une confrérie de pénitents blancs, à laquelle est dévolue
la chapelle du même nom. Il s’agit de laïcs, tout comme la « Jeunesse » qui
forme ce que l’on appelle « une abbaye joyeuse », qui joue, entre autres, un
rôle important dans l’organisation des festivités communautaires. Cette «
abbaye » perdure jusqu’en 1786.
La deuxième moitié du XVIIe siècle voit la communauté sortir
un peu du marasme et son souci dans la recherche de la protection des grands du
royaume ne se dément pas. En 1654, la seigneurie est dévolue à Armand de
bourbon, prince de Conti, membre de la famille royale, marié à une nièce de
Mazarin. Avec la seigneurie, le prince acquiert plusieurs importants domaines
agricoles avec granges attenantes (la Dalgonne, le Marais, la Quarrée, la
Petite Blâche) ainsi que le bois des Blâches. Il décède en 1666. Ses
descendants ont le souci de travailler à l’amélioration des rendements
agricoles, d’où les premiers projets de création d’un canal d’irrigation par
dérivation d’une partie des eaux du Rhône.
La communauté, quant à elle, voit ses droits et libertés
réaffirmés en cette seconde moitié du XVIIe siècle. En 1674, elle acquiert une
maison encore visible à l’angle des rues Bringer et Conti. Cet édifice a conservé
d’imposantes gargouilles zoomorphes et quelques encadrements intérieurs datant
probablement du XVe siècle. Sur la façade principale, une coquille de
Saint-Jacques sculptée surplombe deux corbeaux. Peut-être témoigne-t-elle d’une
ancienne fonction d’accueil de pèlerins. Le reste des façades sur rues,
l’escalier intérieur ont été repris aux XVIIe et XVIIIe siècles. Cet édifice
servit de presbytère pendant deux siècles.
Dans les années 1690, le premier canal de dérivation des
eaux du Rhône entre en activité et donne une dimension nouvelle aux rapports de
Pierrelatte avec l’eau. Le territoire de Pierrelatte est encadré par le Rhône à
l’ouest (même si jusqu’à la Révolution, cette rive gauche du fleuve n’est pas
administrativement pierrelattine), la Grande Berre au Nord, les Echaravelles à
l’Est. La Ville, elle-même, est cernée par la Petite Berre à l’Ouest, le Beal
des Moulins et le Burgidon à l’Est et au Sud. Le Beal pour sa part longe même
les remparts sud dont il en constitua le fossé.
La fonction du canal est surtout d’actionner les moulins de
La Garde Adhémar, Pierrelatte et Lapalud, et ensuite d’irriguer.
Succède, en 1783, aux Bourbon-Conti, le comte de Provence,
frère du roi et futur Louis XVIII. Il est seigneur de Pierrelatte jusqu’à la
Révolution.
A la Révolution, les Sociétés Populaires sont créées. Les
terres sont vendues aux citoyens. La première mairie est mise en place.
En 1814, la seigneurie est redonnée au futur Louis XVIII.
En 1816, le Rocher, site du château est la propriété du
dénommé Jacques Xavier Pradelle, puis de son fils en 1842. Son exploitation sous
forme de carrière devient dès lors intensive, au profit essentiellement des
Ponts et Chaussées et de l’entretien des routes, et le Rocher commence à progressivement
disparaître.
En 1852, la voie ferrée marque le début de la prospérité.
Dans le courant des années 1920, le Rocher est racheté par
la municipalité et, après la Libération, la renommée de Pierrelatte est
étroitement liée à la construction du canal de Donzère–Mondragon et à
l'installation du site nucléaire du Tricastin.
La sauvegarde du château ne prend vraiment corps qu’à partir
de 1913. La première motivation est de perpétuer ce qui a donné son nom à la
Commune.
Mais l’acquisition par la celle-ci n’est effective qu’en
1919 pour 12 000 francs.
En 1921, le Rocher est classé « site naturel de caractère
artistique ». Il accueille cette même année ses premiers spectacles.
Vers 1955, un château d’eau, aujourd’hui désaffecté, vient
combler une grande échancrure au nord.
- Office du tourisme de Pierrelatte
Photos:
- Jimre (2012)
Posté le 09-12-2013 20:36 par Jimre