Hery
Tour d'Hery
Château comtal (ruines)
Situation
UGINE
Savoie - Albertville
Canton : Ugine
Dans la partie haute d'Ugine, prendre la RD 109 en direction d'Héry-sur-Ugine. On accède aux ruines après le troisième lacet à droite. A 683 m d'altitude.
Histoire
Maison forte de Beaufort (disparue). Le numéro 249 de la mappe sarde de 1738 correspondait à l'emplacement de l'ancienne maison forte de Beaufort. Dans la première moitié du XVIe siècle, la branche de Beaufort, seigneurs d'Héry, était encore très puissante dans toute la région. Dès le milieu du XVII e siècle, leurs descendants, les du Coudray de Blancheville font partie de la haute aristocratie chambérienne et ne conservent à Ugine qu’une maison déjà délabrée habitée par le fermier général du domaine.
Ces biens parviennent ensuite à la famille des Anselme, comtes de Montjoye, et seront vendus en un seul lot le 9 septembre 1767 à honorable Jean Pontenier.
Ugine était l'une 17 châtellenies du bailliage de Savoie, à la limite de l'ancien Albanais dépendant des comtes de Genève.
Le château comtal, antérieur au XIIIe siècle, possède une situation insolite puisqu'il est à une lieue du bourg. Il semble avoir eu une double mission, d'abord le contrôle de la liaison directe entre Savoie propre et Faucigny, ce pour quoi il domine la route médiévale de l'Arly, passant par Héry, et d'autre part la surveillance de la Cluse entre les massifs des Bornes et des Bauges, et la basse vallée de l'Arly. Ugine est une très ancienne possession des Humbertiens. Au début du XIIIe siècle, sous le règne de Thomas Ier, elle fait partie du domaine comtal, mais en 1221, le comte concède le château à Aymon de Pontverre. Il lui fait rapidement retour puisqu'en 1233, à sa mort, château et mandement passent à son fils Boniface, futur archevêque de Cantorbery.
En 1271, le château fait retour au domaine comtal sous le comte Philippe.
La période d'essor d'Ugine est freinée à partir de 1285 par les guerres entre les Dauphins de Viennois et les comtes de Savoie, et la ville est incendiée en 1307. Lorsqu'en 1355, le conflit se termine par l'échange du Faucigny, Ugine perd de son importance militaire, et à la fin du XIVe siècle, la châtellenie est inféodée. Le premier bénéficiaire sera Catherine de La Chambre en 1393, puis Pierre de Villette au début du XVe siècle. Il arrive qu'un prince de Savoie soit de nouveau apanagé d'Ugine, comme Janus de Savoie dans la seconde moitié du we siècle.
Le château, qui avait atteint son apogée en 1280, subit des dégâts en 1285 et 1335. A partir de 1339, il fut de moins en moins entretenu. Au XVe siècle, les documents concernant la Maison de Savoie ne mentionnent plus que la tour et les rourailles. Cependant, Ugine fut érigé en comté en faveur du président du Sénat, Claude-François Ducret en 1681, et les sommes perçues à cette occasion servirent à régler les dépenses du mariage du prince savoyard avec l'Infante du Portugal.
Description
Un chemin dirigé nord-sud part de la route d'Ugine, dessert quelques constructions probablement installées à l'emplacement des granges anciennes et longe tout le château sur son flanc est, avant d'y pénétrer par le sud.
Par la porte de la basse-cour, peut-être dominée par une tour dite tour inférieure, on accédait jadis à la partie la plus basse du château. Basse-cour en forme de croissant, sur 30 m de long, fort élevée par rapport au chemin d'accès, dont quelques vestiges, sous réserve de vérifications, semblent affleurer le sol actuel.
Au nord se dresse une motte féodale dégradée, en forme de tronc de cône, de dimensions réduites - 10 m de haut et 15 m de diamètre pour la plate-forme sommitale – sur laquelle on croit reconnaître une haute cour avec peut-être à l'ouest, des constructions, et d'autre part la tour carrée appelée dans le pays " tour sarrasine", Cette tour d'environ 10m de côté, est enfoncée dans la motte dont elle occupe l'angle sud-est. Elle peut être considérée comme le donjon et possède deux étages voûtés.
Il existe à l'intérieur, sous le rez-de-chaussée qui en permettait l'accès, une cave profonde d'une dizaine de mètres. Après l'amenuisement du rôle militaire, on perça au niveau du sol de la cour, une double porte gothique, actuellement murée, et une embrasure en très belle pierre de taille, longeant en forte pente dans le ratier, soit cave. Le rez-de-chaussée est placé très haut, à environ 8 m au-dessus de la haute cour. Il a pour accès une porte romane de plus de 2 m de haut, suivie d'un couloir dans l'épaisseur du mur: c'est le dispositif classique du donjon roman pour éviter les attaques par surprise. Ce couloir donne sur une grande salle dont le plafond a été voûté d'ogives, à une hauteur de 6 à 8 m, peut-être sous Boniface de Savoie.
Les murs extérieurs du donjon sont constitués par un petit appareil de schistes taillés, assemblés avec du mortier de chaux très dur. Pour les chaînages d'angles, on a utilisé de gros blocs de calcaire. L'épaisseur des murs est d'environ 2,50 m.
Dans l'enceinte se trouvait vraisemblablement une chapelle, disparue aujourd'hui, citée sous le vocable de saint Georges et Notre-Dame dans une visite pastorale de 1343.
Source fournie par Nano.M:
- Châteaux et maisons fortes savoyards, Michèle Brocard - Elisabeth Sirot, Editions Horvath.
- Dictionnaire des châteaux et fortifications du moyen âge en France, Charles-Laurent Salch, éditions Publitotal.
Photos :
- Nano.M (2022, 2023)
Posté le 18-10-2022 14:03 par Jimre