Cornillon St Laurent
Le Château de Cornillon
Ce château était situé sur un rocher terminant la chaine de la montagne de Cou et dominant les Gorges du Borne, à l'est du hameau de Moussy sur la commune de Saint-Laurent.
Selon Louis Blondel, cet ancien château était un "véritable nid d'aigle", plus tour de guet que résidence ou logis.
Perchée à 822 m d'altitude sur ce rocher plongeant en falaise côté nord-ouest, cette tour domine non seulement tout le plateau de Saint-Laurent, mais aussi l'ensemble de la basse vallée de l'Arve et assure une vue s'étendant de Bonneville à la colline de Monthoux et au lac Léman.
On y accède par un chemin muletier reliant Saint-Laurent à Beffay, un hameau du Petit-Bornand, par le col des Gardes. Ce chemin passe tout d'abord près d'une grotte en partie cachée par des taillis.
Il s'élève ensuite rapidement et s'engage, par un col taillé dans le roc, entre le rocher de Cornillon et la mon-tagne des Pierriers.
Autrefois, ce petit col était dominé par une croix en bois. Elle figure toujours sur les dernières cartes de l'I.G.N. révisées en 1979, ancienne chapelle aujourd'hui disparue.
C'est à la sortie de ce petit col, en prenant un petit sentier, plus ou moins marqué, partant sur la gauche, que l'on parvient aux ruines du château.
Selon Louis Blondel, le château primitif, datant de l'époque romane, était formé seulement par une tour carrée irrégulière, d'environ 9 m sur 8,50 m, avec des murs de 1 m d'épaisseur.
La minceur toute relative de ces murs se comprend quand on songe que ce château était inabordable et ne pouvait être bombardé de nulle part. Il ne reste de cette ancienne tour carrée que quelques murs de fonda-tion. A l'un des angles nord de cet édifice carré s'élève un donjon circulaire, qui semble être de construction plus récente.
Voici la description de Louis Blondel qui le visita au milieu du siècle :
C'est une œuvre parfaitement bien établie, les murs s'élèvent encore à 5 m de hauteur il est éventré du côté Nord. II a un diamètre de 7,36 m avec des murs épais de 2,18 m et un vide intérieur de 3 mètres. L'intérieur est rempli de blocs dus à la chute d'une voûte sphérique dont on voit la naissance reposant sur un chaînage en tuf. Nous avons ici la disposition bien connue des donjons circulaires de l'époque de Pierre de Savoie, avec une cave surmontée d'une voûte qui la sépare des étages supérieurs.
L'appareil soigné de moyenne grandeur est bien celui du milieu du XIIIe siècle. Les dimensions de ce donjon sont peu connues mais se rapprochent de celles du châtelet du Crédo (7,68 m), mais ici, le vide intérieur est plus important, car, protégé par sa position, il n'était pas nécessaire de prévoir un siège à pied d'œuvre.
Tout le côté de l'entrée et le pourtour du donjon sont défendus par un fossé sec dont on voit encore très bien le dessin. Le glacis de ce fossé est recouvert de matériaux et il n'est pas impossible qu'il y ait eu un peu au-dessous du donjon, sur une des terrasses dominant le Borne, des constructions, communs ou dépendances. Le côté opposé est défendu seulement par un talus se prolongeant jusqu'aux parois vertigineuses du rocher. De cette position imprenable, on surveillait au loin tout le pays sans grand danger d'être surpris, car le sentier d'accès pouvait être facilement coupé. Il ne faut pas oublier que les comtes de Genève avaient dû édifier ce château pour surveiller leur frontière, le Borne formant la limite entre les possesSions du Genevois et du Fau-cigny. Cornillon est une tour de garde, sorte de vigie, bien plus qu'un château organisé.
Tour de garde ou petit château, Cornillon semble bien en tout cas être l'une des plus anciennes constructions médiévales du Genevois et du Faucigny. Contemporain du château de La Roche et du Châtelet du Crédo de Cornier, son origine semble remonter au Xie siècle. Fief des comtes de Genève, à la limite du Faucigny, Cornil-lon aurait été, selon Lucien Guy, la propriété d'une famille de Cornillon, originaire de Tarentaise, ayant pour armoiries "Trois corneilles volantes".
En 1180, un Guillaume de Cornillon est témoin d'un accord, à Genève, entre l'Abbaye d'Aulph et Amédée, sei-gneur du Lieu, en Chablais.
En 1210, Béatrice, fille du comte Guillaume 1er de Savoie, reçoit en dot Cornillon qui revient ensuite à son frère le comte Guillaume II.
Le 5 octobre 1256, Alix, comtesse de Genève, veuve du comte Guillaume II, cède à son fils, le comte Ro-dolphe, le château de Cornillon avec tout le territoire du Bornand, sous la condition que le comte paiera jus-qu'à concurrence de cent marcs d'argent, les dettes qu'elle a contractées.
Par son testament du 24 septembre 1306, Amédée II, comte de Genève, fils de Rodolphe, institue ses fils, Amédée et Hugues, héritiers de divers châteaux, entre autres, Cornillon et Rumilly-sous-Cornillon, pour le Vicomté des Bornes. A partir de ce moment, les documents se multiplient pour Rumilly-sous-Cornillon alors que le silence devient complet pour Cornillon même. Déjà la famille de Cornillon ne l'occupe plus et s'est transplantée, une branche dans la région de Sallanches et l'autre branche, à Reignier, au château de Meyrens. Le vieux château, perché sur sa montagne, n'est plus mentionné que pour désigner un fief, réuni à la seigneu-rie de Saint-Laurent et celle de Rumilly-sous-Cornillon.
Posté le 05-02-2024 21:47 par Jimre
Cornillon St Laurent
Château de Cornillon
SAINT-LAURENT
Haute-Savoie - Arr. : Bonneville
Canton : La Roche-sur-Foron
Histoire et description
Le château de Cornillon, aujourd'hui à l'état de ruines,
dominait l'ancienne limite entre le Faucigny et le Genevois.
Il est cité dès le milieu du XIIIe siècle, dans un acte où
Alix, comtesse de Genève, cède Cornillon à son fils, Rodolphe.
En 1260, Pierre II, comte de Savoie, le réclame au comte
Rodolphe, comme part assignée en dot à sa mère.
Le plan de la fortification affecte la forme d'un trapèze
flanqué d'une tour circulaire, bien caractéristique des constructions de Pierre
II. Celle-ci ne possède plus que l'étage inférieur, mais la calotte sphérique
qui le couvre subsiste encore en partie. La liaison avec les structures
quadrangulaires pose des problèmes qui ne nous permettent pas de formuler des
hypothèses quant à l'antériorité de ce bâtiment par rapport à la tour
circulaire. Un décapage des murs serait nécessaire pour parvenir â dégager les
points de jonction entre les deux structures.
La tour, constitue un témoignage des premiers donjons circulaires de l'architecture militaire du XIIIe siècle, où les murs étaient très épais, réduisant ainsi beaucoup l'espace intérieur, et où la partie inférieure était voûté d'une calotte. On peut rapprocher cette tour de celle de Langin ou de celle du Châtelet du Crédoz.
Sources fournies par Nano.M:
- Châteaux et maisons fortes savoyards, Michèle Brocard, Elisabeth Sirot, éditions Horvath
Photos:
- Nano.M (2022)
Posté le 07-03-2023 11:20 par Jimre