Rocafort
Les Seigneurs de Boëge
La famille des seigneurs de Boëge marqua profondément son époque dans la vallée. On doit la ranger, disait le Comte de Foras, historien, parmi les plus anciennes races de noblesse immémoriale et chevaleresque de nos provinces.
Installée dans la vallée au début du XIIe siècle, elle s'est éteinte vers la moitié du XVe siècle.
Elle avait pour arme : écartelé d'or et d'azur et pour devise : « Le courage ne saurait déchoir ».
Elle possédait des droits, nombreux dans la vallée et d'importants biens et revenus féodaux dans le haut Faucigny, principalement sur le grain et le sel apportés aux marchés de Sallanches. Elle entretenait des relations de bon voisinage avec la cour souveraine des barons de Faucigny.
Les personnages connus
Le premier personnage connu de cette noble famille est Aimon, qui vivait en 1138. Un ancien document relève qu'il vendit un cheval à Hugues, prieur de la Chartreuse de Vallon (Bellevaux) pour le prix de 190 sols, en monnaie de Genève.
Le 22 janvier 1151, on trouva le nom de Pierre de Boëge qui assistait, avec Arducius, évêque de Genève, à l'établissement de l'acte de fondation de la Chartreuse du Reposoir.
On sait aussi qu'en 1209, Ganfred de Boëge, chanoine de Genève, mourut assassiné. Son éloge fut fait le 6 septembre de la même année au concile d'Avignon par le légat du pape Innocent Ill. Un Pierre de Boëge, religieux de l'ordre des Frères mineurs capucins arbitra un conflit entre Henri, évêque de Genève, prieur de Saint-Victor et Jean de Troinex, au sujet de torts que ce dernier aurait causés à l'Église.
C’est encore un autre Pierre de Boëge et son épouse Léonette qui reconnaissaient en faveur de l'Église de Genève, tout ce qu'ils tenaient d'elle en fief dans la vallée. Le 1 décembre 1333, Raymond de Boëge, seigneur de Rochefort, dans son testament rédigé en son château de Rochefort, demanda à être enterré dans l'église de Boëge, au tombeau de ses ancêtres et il laissait à sa femme Briande la grangerie du Villard-de-Boège.
Le fils de ce dernier, Pierre, avait épousé Catherine de Miolans. Il affranchit les hommes taillables de la vallée ne se réservant que l'hommage pour les biens qu'ils tenaient de lui en fief .
Son fils Antelme, qui avait épousé Pernette de Compey, ne laissa que deux filles, Guigonne et Catherine si bien que les châteaux de la famille passèrent en d'autres mains par suite de l'extinction de la descendance masculine.
Guigonne, dame de Boëge et de Rochefort, par acte en date du 12 mars 1458, reconnaissant que plusieurs de ses taillables ne pouvaient supporter les charges dont ils étaient grevés et s'expatriaient, abandonna une partie de ses privilèges et ne retint que ceux qui étaient communément reconnus en Faucigny.
Devenue veuve de Jean de Beaufort, chancelier du duché de Savoie, dame Guigonne épousa Jean de Blonay, bailli du pays de Vaud et mourut sans postérité.
Sa sœur Catherine, épouse de Guigon de Rovorée, seigneur de Cursinges, ne laissa qu'une fille, Claudine, qui hérita de sa tante et fit entrer tous les biens des seigneurs.
Son fils François-Melchior qui mourut avant son père sans descendance mâle laissa cependant deux filles : Jeanne, qui devint marquise de Lucey et Prospère, entrée au monastère de la Visitation de Thonon. Avec elles s'éteignit la brillante famille des Montvuagnard dont les biens furent unis à ceux de Victor de la Valdisère qui avait épousé la veuve de François Melchior, Catherine de Charmoisy.
Les demeures seigneuriales
Il est intéressant de situer les demeures seigneuriales de la famille de Boëge.
Elle résida successivement aux châteaux de Rochefort, de Marcossey et de Boëge, ce dernier au centre du bourg.
Au sujet du château de Rochefort, on trouve une note écrite au XVIIIe siècle dans les archives départementales qui le décrit: "Ce château est le plus ancien du pays. Il est appelé dans d'anciens titres Castellum de Rupeforte, de la Rochefort. Il avait été bâti sur une élévation au pied des Voirons et semble avoir été inhabité depuis le milieu du XIIe siècle, époque où les seigneurs de Boëge, construisirent celui de Marcossey. Il défendait le pas de Saxel, par où on pouvait se rendre du Chablais dans la vallée de Boëge et de là dans les vallées de Saint-Jeoire et de Fillinges."
Il est à noter que ce château appartint, de tout temps, aux seigneurs de Montvuagnard, soit de Boëge, qui prenaient le titre de seigneurs de Rochefort et de Boëge.
Les masures du château de Rochefort couvrent un assez grand espace et sont tout à fait considérables.
On raconte que ce château fut rasé et détruit lors des guerres et des inimités qui existèrent entre les comtes de Savoie et les comtes de Genève, ainsi que les seigneurs du Faucigny.
Ces ruines ont maintenant complètement disparu. Il est cependant facile de reconnaitre l’emplacement: un peu plus bas que le village de « Chez Neveu », entre le défilé étroit qui conduit aux Voirons, par le Pennaz et la route qui de « Chez Dupuis » aboutit aux Granges Gaillard, sur le petit éperon boisé qui se détache de la montagne, tel qu'on peut le voir de « Chez Ceria » sur la route de Saxel.
Source fournie par Nano.M:
- panneaux trouvés pendant la visite.
Posté le 06-05-2023 12:40 par Jimre
Rocafort
Château de Rocafort, ou château de Boëge ou Rochefort
Haute-Savoie - Arr. : Bonneville
Canton : Boëge
Description
Le château est situé au nord-ouest de Boëge, au pied du massif des Voirons. L'emplacement des ruines domine la vallée menant au col de Saxel, sur un éperon rocheux à 950 mètres d'altitude et sont importantes à plus d'un titre. Ces ruines sont importantes comme superficie, mais le donjon est rasé au niveau du sol ; seuls les murs de l'ancienne habitation sont encore assez élevés. Malgré cela il vaut la peine d'être étudié, tout d'abord par les dimensions imposantes et ensuite parce qu'il semble être un des plus vieux bâtiments du pays.
L'accès difficile et le relief naturel accidenté renforçaient la valeur défensive du site totalement isolé par le rocher. L'entrée se faisait par la cour basse. Cet ensemble fortifié comprenait trois parties : un noyau central constitué par le donjon carré et des logements d'habitation, flanqué de part et d'autre par deux cours intérieures cernées par un mur d'enceinte. Le donjon mesurait 8,50 mètres de côté et ses murs avaient une épaisseur de 2,40 mètres.
Les maçonneries présentent une alternance de pierres plates et d'assises en gros blocs.
Le château évoque le type de construction du premier âge roman. La tour circulaire et les bâtiments situés plus à l'est appartiennent à un aménagement postérieur.
Le château de Rochefort, situé dans la province médiévale du Faucigny, fut la forteresse d'origine de la famille de Boëge qui semble avoir eu une forte emprise territoriale sur la région dès le Moyen Age. Simon et Pierre sont cités vers 1138.
Des conflits permanents ont lieu entre ces seigneurs et les abbayes d'Aulps, de Sixt et du Vallon. En 1170, l'évêque Arducius déclare qu'il a résolu les problèmes entre Pierre de Boëge (Buatio) et Sixt concernant les terres contestées.
En 1268, un document écrit nous précise que le chevalier Pierre reconnaissait tenir de Béatrice et du dauphin de Viennois, seigneur de Faucigny, le château de Rochefort.
L'année 1305 commence en fanfare. Les Faucignerans ayant achevé en janvier la construction d'un château de fort belle allure à Lullin, Amédée V le considérant menaçant pour ses territoires envoie son fils Édouard, jeune et redoutable chef de guerre, l'assiéger. La forteresse est prise en quelques jours. En réaction, le comte de Genevois et Jean II, fils du dauphin, assiègent le château de Boëge qu'ils prennent le 7 juin. Ils y sont installés depuis deux jours lorsqu'Édouard les attaque à son tour et reprend le bien de son père le 25 juin, après 16 jours d'encerclement. Pendant ce siège et en représailles, les forces delphino-genevoises s'emparent de deux maisons fortes : Villette le 16 juin dans la campagne genevoise et Brens le 18 juin, au pied des Voirons.
Les sires de Boëge s'implantent alors au château de Marcossey. En 1434, le mariage de Claudine de Boëge avec Jean de Montvuagnard amène le château dans la famille de ce dernier.
Dans un inventaire du 12 juin 1648, l'on peut voir deux seigneurie à Boëge : " seigneur Prosper Montvuagnard, seigneur de Boëge, d'une part, et généreux seigneur François Melchior de Montvuagnard, seigneur de Rochefort.
Par la suite se succéderont les familles de la Valdisère, les de Ville, et enfin aux Maréchal de Duingt.
Au XVIIIe siècle, il ne reste que des pans de murs et des tas de pierres.
Pour être complet, signalons donc à visiter le château de Marcossey, du côté de Saint-André, ainsi que le château de Montvuagnard au centre du village.
Source fournie par Nano.M:
- Châteaux, vieilles pierres et blasons de Haute-Savoie, Jacques Gombert, éditions Neva
- Châteaux et maisons fortes savoyards, Michèle Brocard, Elisabeth Sirot, éditions Horvath
Photos:
- Nano.M (2023)
Vidéos:
Nous vous présentons une vidéo YouTube, de Rocafort tournée par nos soins.
Une autre vidéo de Nsl Manu dans laquelle on peut voir le château de Rocafort il y a quelques années en hiver.
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Posté le 06-05-2023 11:51 par Jimre