La Chambre
La Chambre
Ruines du château de La Chambre
Savoie Arr. : Saint-Jean-de-Maurienne
Canton : La chambre
Situation
Sur un éperon à 600 mètres dans la montagne Il domine la
vallée, entre Notre-Dame-du-Cruet et La Chambre, face à l'église.
Histoire
La famille de La Chambre, vicomte de Maurienne, est issue
selon Francesco Guasco, de Stefano Guercios, fils de Guiffred, dernier fils de
Louis III. De ce Stefano seraient issus les seigneurs de Miolans par son fils
Antelme (ce qui contredirait l'origine provenant des Briançon-Cur), et ils
auraient tenu la moitié de la seigneurie de La Chambre. Du frère de Stefano,
Louis, descendraient les sires de Faucigny et les seigneurs de Gresy.
La seigneurie de La Chambre était formée de neuf communes :
La Chambre, Saint-Avre, Montaimont, Saint-Martin-sur-La-Chambre,
Notre-Dame-du-Cruet, Les Chavannes, Montgellafrey, La Chapelle, Epierre. Les
premiers connus sont les frères Guillaume et Anselme entre 1038 et 1055,
Guillaume et Otton sont cités en 1081, mais leur filiation n'est certaine qu'à
partir de Richard et de son fils Pierre, nommé le premier parmi les conseillers
du comte Amédée IV en 1233 ; il épousa Elisabeth fille du marquis de Saxe.
En 1309 et 1346 Amédée VI et Jean de La Chambre, vicomte de
Maurienne, passent des actes concernant l'exercice des droits et de la
juridiction de la vicomté, précisant un accord antérieur intervenu entre Amédée
V et Richard. En 1439, nous possédons une promesse autographe d'Urbain de La
Chambre de ne marier son fils Gaspard qu'avec la fille de Manfred de Saluces,
selon une parole donnée au duc de Savoie. Les La Chambre eurent des alliances
et des attitudes quasiment royales.
Mais cette première branche s'éteignit en la personne de ce même Gaspard, qui fit hériter son neveu, le fils de sa sœur Marguerite en 1454, à charge de relever le nom et les armes de La Chambre qui fut érigé en comté en 1456 pour cet Aimon de Seyssel La Chambre.
Louis de Seyssel La Chambre épousa
le 25 mars 1472 Jeanne de Chalon, fille de feu Louis de Chalon, prince
d'Orange, et d'Eléonore d'Armagnac, contrat passé au château de La Chambre.
Ce même Louis, que nous évoquerons plus loin, institua pour
héritier universel son fils Jean en 1519. De 1548 à 1581 de longs procès furent
intentés par Jean, et des mémoires produits par les Seyssel-La Chambre pour
soutenir leurs droits à la principauté d'Orange et au comté d'Armagnac. Ils
plaidèrent même contre le roi de Navarre en 1566.
En 1655, la seigneurie parvint au mari d'Henriette, la fille de Maurice de Seyssel, Jacques d'Allinges, et le marquisat passa aux Savoie-Carignan après la mort du dernier La Chambre, Le prince Emmanuel-Philibert de Savoie-Carignan le vendit en 1688 à Charles-Emmanuel Cagnol. Ce dernier, qui avait été abbé de Saint-Sixt et chanoine de Genève, laissa le fief à sa sœur Christine, femme de Claude-Benoît de Michal-Cagnol, baron du Donjon en 1694.
Le château
fut démantelé à la fin du XVe Siècle alors que la famille était à son apogée. A
la mort de Yolande de France, le 8 octobre 1478, le Duché de Savoie fut plongé
dans l’anarchie, si bien que son frère, le roi Louis XI, chargé par une assemblée
de notables d'organiser une nouvelle régence, désigna le 19 janvier 1480 le
comte Louis de Seyssel La Chambre comme gouverneur et lieutenant général de
Savoie.
Mais ce dernier défendit si bien les intérêts du Duché que
Louis XI finit par en prendre ombrage, et, avec la complicité de Philippe de
Bresse, frère du duc Amédée IX, il le fit enlever à Turin en janvier 1482.
Conduit à Avigliana, le comte de La Chambre fut privé de tous ses biens et la
régence attribuée à Philippe de Bresse.
A l'avènement de Charles Ier, Louis de La Chambre recouvra
sa liberté et ses biens. Nommé chambellan de Savoie par la duchesse Blanche de Montferrat
à la mort de Charles Ier en 1491, il provoqua en 1491 une révolte à main armée
pour défendre les droits de la noblesse de Savoie contre les empiètements des
seigneurs piémontais.
Traduit devant une cour de justice, il fut condamné par
contumace le 31 août 1491 à la confiscation de tous ses biens. En exécution de
cette nouvelle sentence, la plupart de ses châteaux furent rasés, y compris
celui-ci. L'armée française en fit sauter les restes avec des explosifs en 1536 et
il ne fut jamais rebâti.
Sa surface totale était de 65 ares, selon la mappe sarde. En
1740 les ruines appartenaient aux Cordeliers de La Chambre, elles passèrent au
baron Brunet de Saint-Jean-de-Maurienne, et, en 1856, acquises par divers propriétaires,
elles furent cédées à la Société des Ardoisières de La Chambre.
Description
En 1904 ces ruines étaient encore imposantes, en arrivant on
apercevait au nord un énorme fossé taillé dans le roc, à l'est, les vestiges
d'une tour dont les murs avaient 5 mètres (?) d'épaisseur à la base, et se
prolongeaient sur plus de 150 mètres, avec une hauteur moyenne de 10 mètres
pour défendre l'accès du donjon à l'est. Au sud il ne restait que des tours en
ruines et des pans de murs. A l'ouest, les murs avaient été démolis, on les fit
sauter à la dynamite, mais la force de cohésion du mortier était telle que l'on
remarquait en 1904 des blocs de maçonnerie de 10 à 12 mètres carrés projetés à
15 mètres de distance et plus sans être brisés.
A l'intérieur de l'enceinte subsistaient les restes du
donjon, avec ses voûtes en tuf partiellement démolies. Les murs étaient revêtus
de gypse rouge, sur 5-6 centimètres d'épaisseur, et l'on trouvait au centre des
débris d'ardoises et de bois calcinés, conséquence de l'incendie de 1536.
Dans la partie nord, Brunet découvrit en creusant un fossé le long des murs des
squelettes humains, de la chaux et des moellons.
Les blocs de tuf, qui feraient remonter la construction aux
XIIe et XIIIe siècles, formant les angles des murs sont énormes et
admirablement taillés.
Liliane Dutrait a donné une description récente des lieux : " Le donjon était défendu par une enceinte, déjà protégée par l'à-pic naturel. L'ensemble du castrum a la forme d'un éperon rocheux entouré de falaises sauf au nord où un fossé taillé dans le roc (schistes ardoisiers) abritait le point le plus exposé adossé à la montagne."
Beaucoup des éléments visibles en 1904 ont disparu ou sont envahis par la végétation, cependant quelques encadrements de portes sont restés en place.
Des fouilles archéologiques seraient plus que nécessaires, concernant un château fort qui a appartenu à l'une des plus anciennes et importantes familles de Savoie, et qui occupait une position stratégique primordiale au confluent de l'Arc, du Glandon et du Bugeon et de leurs vallées.
Source fournie par Nano.M:
- Châteaux et maisons fortes savoyards, Michèle Brocard, Elisabeth Sirot, éditions Horvath
Photos:
- Nano.M (2022)
Posté le 03-02-2023 12:49 par Jimre