Les Taillades
Les Taillades
Situé non loin de Cavaillon, le vieux village des Taillades se trouve au pied du Lubéron et a vécu de l’extraction de la pierre de taille à partir du Moyen Âge jusqu’à la fin du XIXe siècle.
Il était construit sur un banc de molasse calcaire et les carrières s’ouvraient directement à sa base. De leur exploitation, il reste deux remarquables promontoires rocheux. Sur le premier s’élève la tour et sur le second se situe l’église à laquelle on accède en empruntant l’unique rue du village d’où l’on jouit d’un très large panorama sur les environs et le Lubéron.
La Tour
Vestiges d’anciennes fortifications et peut-être du donjon du château féodal, la tour se dresse sur un énorme bloc de molasse.
Dans les années soixante, un éminent artiste mosaïste, avait fait revivre la tour en y créant son atelier.
Au pied de la tour, on peut trouver une étrange sculpture, taillée à même le rocher, qui date sans doute du XIVe siècle. Œuvre d’un ouvrier carrier (ou de plusieurs…), elle représente un évêque dont on remarque la mitre, la crosse et dont on devine deux écussons.
Il s’agirait de Saint Véran (évêque de Cavaillon au Vie siècle), terrassant le dragon « Lou Couloubre ».
On raconte qu’autrefois, on attachait contre cette sculpture celui qui avait commis une faute et les villageois venaient lui jeter des pierres jusqu’à ce qu’il en pleure…
Cette sculpture a bénéficié de soins de conservation réalisés par un restaurateur du patrimoine, en octobre 2019, avec l’accord du propriétaire de la tour.
Le château
Datant de 1253, un document, « Le Livre Rouge », du comte de Toulouse, mentionne pour la première fois l’existence d’un « castrum » édifié sur un terre-plein dominant la falaise et dont la tour pourrait être le donjon.
Cette forteresse moyenâgeuse va être abandonnée au début du XVIIe siècle au profit du « château neuf », cité vers 1619, construit beaucoup plus bas.
Le château actuel a sans doute été élevé en partie sur le même emplacement au cours du XVIIIe siècle, et a bénéficié, depuis, de nombreux remaniements.
Toutefois, cette demeure permet de faire le lien avec les seigneurs des Taillades qui se sont succédés du Moyen Âge à 1873, malgré de nombreuses incertitudes.
Le château du vieux village est inféodé avec ses domaines en 1269 par le comte de Provence et roi de Naples, Charles Ier, à Imbert d’Aurons et Guillaume de Sabran. Ce dernier devient le seul seigneur en 1281 et son fils Guillaume en hérite en 1321. Cédé en 1379 à Giraud d’Ancézune de Caderousse, le fief passe en 1388 sous le régime de la coseigneurie avec Asnoureuse Arpalhanaci, Thibaude de Sabran, Amiel Vassadel et Hugon de la Merlie.
En 1483, le fief appartient à Gaucher de Brancas, seigneur de Céreste qui le cède vers 1500 à Claude Philippe de Grillet. La seigneurie reste dans cette famille durant tout le XVIe siècle. Mais dès 1522, Claude Philippe de Grillet la partage avec Honoré de Lauris, dont les descendants sont seigneurs des Taillades jusqu’en 1689.
Puis le fief passe successivement, aux Fogasse-Féléon, aux Fonseca avant d’échoir aux Monier des Taillades, acquéreurs en 1770. Ces derniers surent garder leur bien pendant la Révolution et ne vendirent leur château qu’en 1873. Ils contribuèrent à lui donner son aspect actuel.
De nos jours, les propriétaires possèdent cette demeure depuis 1963. Le parc, qui l’entoure, a une superficie de 7 hectares.
L’église Saint Trophime
La copie d’un document du XIIIe siècle indique que l’ancienne église, ainsi que la nouvelle quelques siècles plus tard, sont connues sous les deux titres de Saint Trophime et sainte Luce. Au XIXe siècle, une décision est prise : l’église est sous le titre de Saint Trophime et la paroisse patronnée par Sainte Luce.
Les fidèles étaient accueillis dans l’église primitive du village (XIe ou XIIe siècle), attenante à l’ancien presbytère, avant que ne soit construit cet édifice (entre 1742 et 1760),
Un document intéressant, écrit en latin, datant de 1597, a été ramené à Rome. Il s’agit du compte-rendu de la visite de l’évêque de Cavaillon dans la paroisse des Taillades et cet évêque rapporte :
« Le village des Taillades ressemble tout à fait à un village entouré de sept hautes murailles et le nom sans aucun doute vient du fait que le village est bâti tout près des rochers que l’on a l’habitude de prélever en gros blocs carrés.
L’église paroissiale est bâtie intra-muros et elle est dédiée à sainte Luce, vierge et martyre suppliciée en l’an 305, dont on conserve les reliques et dont on célèbre la fête chaque année. Dans ce village, il y a un seul prêtre auquel est confié le soin des âmes qui ne sont pas plus d’une centaine. »
Au XVIIIe siècle, la population des Taillades augmente, l’ancienne église paroissiale s’avère trop petite. Le 23 Mars 1740, les consuls votent une délibération relative à la construction d’une nouvelle église. Au cours de la même année, un document fait état de l’enlèvement des ossements de l’ancien cimetière situé entre la mairie et l’église en vue d’ériger le nouvel édifice.
En 1760, les travaux de la nouvelle construction sont « reconnus ».
Entre 1780 et 1781, un « nouveau » clocher est construit, les deux cloches qui portent les noms de Sainte Luce et Saint Trophime sont désormais à l’abri.
En 1793, après la Révolution, les biens de l’évêché sont saisis et vendus. Aux Taillades, on s’en prend aux cloches ! le maire en fait emporter une en Avignon…On lui reproche d’avoir fourni la plus petite ! Il faut attendre 1894 pour qu’elle soit remplacée par une nouvelle cloche fondue à Rodez.
A partir de ce moment-là, l’église est de moins en moins fréquentée et elle est même victime d’actes de vandalisme.
Les années vont passer, l’édifice est remis en état une première fois en 1940 par un groupe de réfugiés lorrains.
Enfin, ce sont des travaux importants réalisés par la commune et la communauté paroissiale en 1982 qui vont lui donner son aspect actuel.
On peut découvrir dans le chœur de l’église actuelle une superbe mosaïque créée et offerte par Mr René le Clerc, en 1985, à l’occasion de la restauration de l’édifice religieux.
Sources:
- Panneaux situés dans le village
Photos:
- Jimre (2022)
Posté le 11-09-2022 18:54 par Jimre