Bourbonges
Bourbonges
Le château de Bourbonges
Durant l'occupation romaine, vraisemblablement sous le règne de l'empereur Vespasien, les relations entre les Ceutrons et les Allobroges étaient si mauvaises que l'Empire dut marquer leur frontière par des bornes. La plus célèbre est celle retrouvée au-dessus de Saint-Gervais, au Col de la Forclaz, datée de l'an 74, toutefois des dizaines d'autres, et probablement des centaines, jalonnèrent les limites ; elles étaient plus grossières que les bornes milliaires (qui étaient soigneusement taillées sur quatre faces), et certaines portaient distinctement la mention « AD FINES » (= aux limites).
Signalé par la pancarte, le château est dans l'intérieur du virage, réaménagé en ferme traditionnelle.
Le château
Situé à environ trois kilomètres de Sallanches en direction de Cordon, le château de Bourbonges dominait la Ville et la haute vallée de I Arve d'une bonne centaine de mètres.
Ici aurait d'abord existé un fortin burgonde, sur le resserrement qui domine les gorges de la Sallanche et de la Frasse, remplacé vers le XIe siècle par un château plus important.
Dès la fin du XIIe Siècle, Sallanches et le château étaient déjà un lieu de passage Important.
Il était le centre de la châtellenie de Sallanches et de nombreuses familles de la plus haute noblesse savoisienne ont eu possession de cette bâtisse. Il a porté différents noms le Chastel, la Motte, lieu de Gay (déformation de Gex) et enfin Bourbonges du nom d'une propriété que les Menthon possédaient à Montrottier près de Lovagny.
Détruit par un incendie, il fut reconstruit en 1263 par Pierre de Faucigny, et devint une place-forte de même importance que la forteresse de Charousse, de l'autre côté de l'Arve.
À l'intérieur de l'enceinte castrale propre se trouvaient :
- Au centre : un puissant donjon carré, d'une vingtaine de mètres de côté, avec des murs de près de 1,8 mètre d'épaisseur sur environ 16 mètres d’élévation ; un dessin ancien le représente avec des échauguettes aux angles mais il faut se méfier des images anciennes, souvent chimériques. Un solide mur de refend le divisait intérieurement en deux et améliorait sa solidité. Fin du XIVe ou début XVe siècle, l'angle nord fut renforcé par une tour rectangulaire (8 x 5 mètres au sol) à plusieurs niveaux sous voûtes :
- A l’est : un jardin
- Au Nord : une terrasse dominant la plateforme inférieure
- A l’ouest une cour triangulaire, à la pointe de laquelle s'élevait une tourelle-belvédère à plan carré, juste au droit du ravin
Il regroupait dans son plain-château, outre les Faucigny, les habitations de plusieurs familles telles que les du Châtel, les Chissé, les de La Frasse.
Après le mariage de Marguerite du Châtel avec Henri de Menthon, cette famille renforcera encore son implantation dans ce château avec le mariage de François de Menthon, fils d'Henri, avec Jeannette de Chissé.
Humbert de la Porte l'achète en 1360, cinq ans après l'incorporation du Faucigny à la Savoie.
En 1426, Pierre de Menthon, dont la famille habite dans la place depuis plus d'un siècle en fait l'acquisition et prend le nom de « Bourbonges » et donne naissance à la branche des Menthon de Bourbonges.
En 1606, François de Salles en visite à Cordon constate des conditions de vie des plus précaires pour les habitants du bourg situé à 2 km du château, en un lieu beaucoup moins accidenté que celui du château.
En 1746, Joachim de la Grange achète la bâtisse au comte Bernard de Menthon, puis elle est acquise par les La Tour, qui la revendent en 1768.
Une petite chapelle, Notre-Dame-du-Château, construite par la famille de Menthon, abritait les sépulcres de plusieurs générations.
Accidenté une première fois par un tremblement de terre, sans intérêt militaire, le château fut progressivement démantelé et transformé en ferme, et courant XIXe siècle, les restes de la tour annexe furent plus ou moins abattus par un chercheur de trésor.
Le château de Cordon le fut une seconde fois et c'est avec les pierres récupérées que le chalet ci-dessus a été construit.
Début XXe siècle, on voyait encore des vestiges de l'enceinte et du portail méridional. Aujourd'hui, fors la pancarte et l'épaisseur des murs (qui se discerne peu de l'extérieur !), le bâtiment n'a plus grand-chose de castral.
On peut encore voir une belle cave à voûte, une porte en tiers-point du XIVe siècle et quelques ouvertures apparemment anciennes. Si ses reliquats sont infimes, il n'en reste pas moins que ce château a eu une belle et glorieuse histoire. Le propriétaire actuel est M. Bottollier-Veuvaz. La fermeture de la porte d'entrée est originale. Cela consiste en une poutre de section carrée fixée coulissant sur la porte et qui vient s'encastrer dans le mur assurant ainsi une fermeture inviolable.
Restent la position du château dominant les deux gorges (il suffit d'ailleurs de voir comment doit se faufiler la route moderne, pour en comprendre l'intérêt) et, sans doute, d'ultimes moignons de l'enceinte reconvertis en terrasse dans la boucle.
De l'autre côté de la route, le petit édicule sur deux niveaux porte la date 1894 ; il a apparemment récupéré des éléments de constructions démontées - une baie tréflée et deux bouches de tir en face nord - et ressemble à une chapelle, ce qu'il ne fut jamais.
Feue la chapelle Notre-Dame-du-Château
En face du « château », citée dès le XIIe siècle, Notre-Dame-du-Château était de style roman, avec un chœur voûté très massif. Au bas Moyen Âge, on lui accola un porche gothique encadré de pilastres, un auvent décoré d'une frise, et un clocher à flèche très élancée.
Tout ayant été démonté pour construire Notre-Dame-de-l'Assomption, on ne voit plus rien sur le terrain, si ce n'est, à l'aval, quelques murs de soutènement que la route moderne n’a pas détruit.
Sources fournies par Nano.M:
- Châteaux, blasons et vieilles pierres de Haute-Savoie, Jacques Grombert, éditions Neva,
- Les châteaux et maisons fortes du pays du Mont-Blanc, Dominique Dilphy, éditions les chats-huants de Charousse.
Photos:
- Nano.M (2023)
Posté le 10-10-2023 09:20 par Jimre