Pernes les Fontaines

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Pernes les Fontaines

PERNES. (Paternae, Pernae) 

Chef-lieu de canton, 6 kilomètres S. de Carpentras, et 23 km d'Avignon, sur les routes départementales 5 et 16, avec une population de 4718 habitants. Superficie, 4990 hect. 

L’altitude au sommet de la tour est de 119 mètres. 

Son terroir, riche et fertile, produit du vin, de l'huile, du blé, des cocons, des amandes et de la garance, surtout dans la partie qui avoisine les paluds. 

Le terrain tertiaire de Pernes appartient, pour le nord, au diluvium des terrasses, et pour le midi, au dépôt sextien. Le canal de Carpentras a fortement contribué à sa métamorphose. 

Il y a un hospice des frères de la Doctrine Chrétienne, des religieuses de St-Charles, et deux foires par an, les 24 août et 11 novembre, établies par Pie V, en 1568. 

On entre dans Pernes par quatre portes. Les tours du côté de la Nesque sont rondes et se terminent en nid d'aronde pour offrir moins de prise à l'eau : les autres sont carrées. 

Pernes, s'il faut en croire une histoire manuscrite de Giberti (au musée de Carpentras), aurait une origine phocéenne ; mais rien ne justifie cette prétention. 

Elle était sous la juridiction immédiate des comtes de Toulouse. Quand Raymond VII, en 1241, répudia Sancie d'Aragon, dans l'intention d'épouser Béatrix, héritière de Provence, il lui céda le château de Pernes où elle vécut jusque vers l'an 1249. Il lui en céda aussi les revenus en paiement d'une pension viagère de 7000 sols raymondins.

Le rôle de Pernes grandit quand Philippe le Hardi céda le Comtat au Saint-Siège. Les recteurs, qui venaient de remplacer les sénéchaux, préférèrent cette petite ville à Carpentras, où leur autorité aurait pu être froissée par celle de l'évêque, qui en était seigneur temporel. Ils choisirent donc le château de Pernes pour et c'est sous une feuillée, devant la porte, qu'ils recevaient les hommages des vassaux (suprà ramatam in loco et plano antè principale castrum seu palatium). 

De là le titre de Senescallia Venaissini appliqué au vieux manoir des comtes de Toulouse. 

Pernes resta sous la juridiction immédiate des pontifes, qui l'inféodèrent cinq fois : d'abord en 1388, au cardinal d'Amiens, sous l'antipape Benoît XIII ; en 1408 au maréchal de Boucicaut, comme cautionnement d'un prêt de 40000 livres fait par celui-ci au même pontife ; en 1426, à Geoffroi le Maingre, héritier de Boucicaut, en 1553, à Cathelin Choiselat et enfin au marquis de Rangoni, en 1565. Ces inféodations furent successivement révoquées, la dernière avec des circonstances assez curieuses.

La translation des recteurs à Carpentras rendit inutiles le château et ses dépendances. Ses débris profitèrent aux établissements religieux. En 1312, le cardinal d'Espagne, Gomez de Barosso, fonde les Grand-Augustins et leur donne sa maison, dépendance du château, à condition d'y bâtir une église et un couvent pour l'entretien de douze religieux.

Martin Luther y logea quelques jours, en 1510, dans son voyage de Rome. On lisait dans les registres de la communauté qu'à l'occasion du moine allemand, on avait augmenté l'ordinaire d'une éclanche de mouton. 

L'église, dont une chapelle appartenait à la famille Crillon, sert aujourd'hui d'annexe à la paroisse. Les bâtiments du couvent furent concédés à la commune, par décret de 1804, pour servir de caserne et l'établissement pour l'instruction publique. II y a une école gratuite de filles, une école primaire et une institution secondaire. Les PP. Récollets datent de 1613. La pose de la première pierre de leur église fut faite, le 2 mai 1614, par Raymond Vilhardy, vicaire-général de Carpentras.

On leur donna les débris du château pour bâtir leur monastère, lequel fut vendu comme bien national, en 1792, avec celui des Ursulines datant de 1616 et celui de Ste-Garde datant de 1748.

Les Pénitents noirs furent établis en 1564, les blancs, en 1566. Ils avaient pour chapelle l'ancien prieuré de St-Pierre, que leur donna Paul de Sadolet, évêque de Carpentras. La tradition veut que cette église ait servi jadis de paroissiale et qu'elle soit sur l'emplacement d'un temple de Diane. C'est toujours la même erreur. Une autre tradition veut que Pernes soit une des localités qui recurent de sainte Marthe, l'hôtesse de Jésus-Christ, le bienfait de la lumière évangélique.

L'église paroissiale, sous le vocable de Notre-Dame-de-Nazareth, se trouve hors des murs, ce qui fait croire à la destruction, par les Sarrazins, de la partie de la ville qui s'étendait dans cette direction ; d'où serait venu à ce quartier le nom de Sanguinouse. C'était un prieuré des chanoines de St-Ruf, annexé aux Jésuites d'Avignon et, après leur suppression, à l'hôpital St-Bernard de cette ville. Cette église est très ancienne et s'élève sur une crypte actuellement fermée, dont quelques arcades bouchées sont visibles dans le cimetière. Leur sommet seul s'élève au-dessus du sol.

L'église est en forme de basilique, régulièrement orientée.

Cinq arcades à plein-cintre s'ouvrent sur les côtés. Trois du côté du nord ont été converties en chapelles et ouvertes en ogives. « La voûte de la nef est ogivale, dit M. Mérimée, de forme à peu près semblable à celle de la cathédrale de Vaison. Les retombées de l'ogive s'appuient sur une corniche ornée de palmettes très-élégantes. Au-dessous, règne une espèce de frise à rinceaux délicieux, tous variés et tous de très-bon goût... 

La voûte est renforcée par des arcs doubleaux formés de pierres taillées et bien appareillées. Aucune trace de réparation moderne ne s'y fait remarquer, et il est impossible de ne pas croire qu'elle est contemporaine de la corniche et de la frise placée au-dessous. 

Or, M. Mérimée assigne le VIIe ou le VIIIe siècle comme date à ces ornements. Il est vrai que les chapiteaux historiés des pilastres, lui rappellent aussi le XIIe siècle. Pour concilier ces deux dates, il suppose que ces chapiteaux ont pu être taillés sur place, bien postérieurement à la construction de l'église. Ce qui le fait pencher pour la première date, c'est une porte engagée dans le mur méridional, à peu près au milieu du collatéral de droite. Au premier aspect, M. Mérimée la prit pour un ouvrage des Romains. La tradition du pays veut qu'elle ait été transportée là, après avoir été enlevée au temple païen sur lequel on bâtit l'église St-Pierre.

Mais notre docte archéologue ne tarda pas reconnaitre une ornementation identique à celle du porche de Notre-Dame-des-Doms d'Avignon et à lui assigner une même date. Le Xe siècle (par les raisons que nous avons émises en parlant de cette métropole) pourrait donc être l'époque de la construction de l'église de Pernes qui, plus tard, aura subi des réparations, comme le travail des chapiteaux. La porte ogivale du couchant est du XIVe siècle ; le chœur et l'abside sont modernes.

Près du chemin de Carpentras, est un petit portique quadrilatère qui abritait jadis une croix. On l'appelle encore la Croit couverte ou de Boet, du nom de l'ancien propriétaire de ce terrain, dans les premières années du XVe siècle. Le petit monument date de cette époque.

Il y avait dans les environs de Pernes, les chapelles rurales de St-Philippe, de St-Donat, de St-Victor, de St-Barthélemy, de St-Hilaire, commune avec Monteux, de Ste-Anne, de St-Roch et de St-Paul. Quelques-unes étaient des prieurés annexés la prébende des Chanoines de Carpentras. 

On appelle les Trois Pilons, trois contreforts d'une église attribuée aux Templiers qui possédaient une maison près de Pernes.

L'autorisation de placer une horloge sur la tour du vieux château roman, est du 22 octobre 1486. L’architecte y mit un chat poursuivant un rat. Ces ornements furent abattus pendant la révolution comme suspectés de féodalité. Ils avaient donné lieu ce dicton populaire dans la contrée ; : « II est en l'air comme le chat de Pernes. »

 La cloche porte le millésime de 1432. 

L'hôtel de ville est une partie de l'ancien hôtel Brancas ; il fut vendu par le maréchal de ce nom, le 28 novembre 1741.

Les registres des délibérations du corps municipal remontent à l'année 1367. L'administration était composée, à cette époque, d'un parlement ou conseil général, comprenant tous les chefs de famille, d'un conseil ordinaire de douze membres, de deux syndics, d'un trésorier et d'un juge chargé de la répression des délits ruraux. Vers le milieu du XVIIe siècle, les attributions de ce juge furent réunies au consulat. Une ordonnance du vice-légat, de 1573, permit aux syndics de prendre le nom de consuls ; en 1677, il en fut établi un troisième pour la classe des artisans et des ménagers. Pour être consul ou conseiller, il fallait posséder un certain cens, d'après la valeur estimative du cadastre.

Il existe des statuts pour les années,1296, 1363, 1380, 1418, 1444, 1470, 1511, 1587 et 1605.

Il y avait un prince d'amour. Cette charge était affectée à la noblesse. Celui qui en était revêtu prélevait, selon sa fortune, un droit sur les veufs et les veuves qui se remariaient et sur les filles qui s'établissaient hors du pays. Ces droits furent supprimés en 1636. Le prince d'amour avait la surintendance des bals ; il était tenu de faire construire, à ses frais, une salle recouverte d'une tente ou de feuillages et de payer les violons, à certaines fêtes de l'année.

Anciennement, l'agriculture avait sa fête spéciale à Pernes. C’était le carri, l'équivalent de la carretou dou mai, à L'Isle.

Pernes est la patrie d'Esprit Fléchier, né en 1632, mort en 1720, évêque de Nîmes, de l'Académie française, célèbre auteur des Oraisons Funèbres ;

De Jean-Julien Giberti, né en 1671, mort Sablet en 1754, auteur d'une volumineuse Histoire de Pernes manuscrite, que possède la bibliothèque de Carpentras. Giberti s'est beaucoup occupé de tout ce qui se rapporte la généalogie et à l'histoire de son pays ; mais il a peu de critique.


Source:

- Livre Département du Vaucluse, dictionnaire des communes, par Jules Courtet, éditions Res Universis.



Posté le 02-09-2024 09:24 par Jimre

Pernes les Fontaines

Histoire:

Les témoins de l’époque gallo-romaine sont d’une décevante rareté et seule l’étymologie a laissé une empreinte de cette période. Pernes vient en effet de « Paternus », nom du propriétaire d’un domaine qui s’étendait sur son emplacement.

La grandeur de la cité vient du début du XIIe siècle puisque c’est en 1125 que les comtes de Toulouse installèrent leurs représentants, les sénéchaux, dans le château de Pernes, qui devint alors capitale du Comtat Venaissin ou Marquisat de Provence. Les comtes de Toulouse aimaient à y séjourner ainsi que dans toute la région comme à l’Isle sur la Sorgue, lorsqu’ils venaient administrer leur biens de ce côté du Rhône.

A partir de 1274, date à laquelle le Comtat Venaissin fut restitué au Pape, le sénéchal fut remplacé par un recteur.

Le XVe siècle fut une période sombre pour la population due à l’inféodation de la Cité par les Papes, au profit des « Italiens » venus avec eux et qui se montrèrent souvent tyranniques.

Au XVIe siècle, les guerres de religion vinrent poursuivre la terreur sur la Cité, mais c’est par d’heureux hasards et par le courage des Pernois que le village fut épargné par le Baron des Adrets.

Une des particularités du village est qu’il possède devant chaque porte des remparts d’une chapelle dédiée à la vierge et d’une plus importante en pleine campagne dédiée à Saint Roch, construites aux XVIIe et XVIIIe siècles. Elles proviennent des vœux des Pernois afin d’éviter les épidémies de peste qui ont accablé le Comtat.

C’est un Pernois, Louis Giraud qui va être le créateur du canal de Carpentras, qui à partir du XIXe siècle, va permettre d’irriguer et de développer la plaine du Comtat, permettant au Vaucluse de devenir le verger de la France.

Les monument les plus représentatifs de l’époque médiévale sont la tour de l’Horloge, qui se trouve au point le plus haut de l’ancien château comtal, et la Tour Ferrande qui date du XIIIe siècle. 

On y trouve de magnifiques fresques murales peintes du XIIIe siècle. Les murs racontent la lutte cruelle entre Charles d'Anjou, frère de Saint Louis, comte de Provence, et l'empereur germanique Manfred de Hohenstauffen. L'enjeu en est le royaume de Naples et de Sicile. L'ensemble réalisé très peu de temps après les faits, représentant des combats de chevaliers, le Pape Clément IV et Charles Ier de Sicile, Saint Christophe portant l’enfant Jésus etc…, est peint de façon naive comme une bande dessinée.

Autres Monuments:

Les portes et les restes de l’enceinte datent des XIVe, XVe et XVie siècles, l’église paroissiale est du XI-XIIe siècle, la halle couverte du XVIIe siècle.

A voir notamment la porte Notre Dame, avec sa chapelle,qui a été construite en 1538 avec deux énormes tours crénelées en demi couronne de machicoulis. Ces deux tours baignent quasimment dans la Nesque. L'ancien pont-levis a été remplacé au XVIIe siècle par un pont de pierre, détruit en 1944 et reconstruit à l'identique.


Sources:

-"Les sites historiques de la Vallée du Rhône". Avignon 1928

-"l'Histoire de l'Isle sur la Sorgue des Origines à 1274" de Albert Cecarelli -Edition Compo typo Relief Mai 1987

-"Les châteaux de Provence" de Serge Panarotto, Edisud.


Photos:

- Jimre (2011, 2024)


Posté le 30-01-2012 21:19 par Jimre